Développement d'Orly : la mauvaise réponse à une vraie question

La presse s\'est faite l\'écho  d\'un lourd programme d\'investissement sur Orly prévu par Aéroports de Paris. Un demi-milliard d\'euros devrait ainsi être engagé d\'ici 2018 pour améliorer la capacité d\'accueil de cette plateforme. Au-delà du programme de travaux envisagé, l\'enjeu demeure l\'avenir de cet aéroport, un aéroport au statut bien particulier.Dans l\'imaginaire et le patrimoine français, Orly est un peu notre « France » de l\'air. Les dimanches sur la terrasse d\'Orly Sud, les parfums des Trente Glorieuses ou la démocratisation du transport aérien. Mais la réalité est désormais toute autre. Ce sont des centaines de milliers de Franciliens survolés, habitant dans des communes qui existaient bien avant la création de l\'aéroport civil et commercial après-guerre. Cette implantation dans un tissu urbain dense (3500 habitants au km²) ont conduit les pouvoirs publics à réglementer le trafic d\'Orly pour préserver ses riverains. Instauration d\'un couvre-feu nocturne de 23h30 à 6 h en 1968 puis plafonnement à 200 000 mouvements par an (non respecté).Les centaines de millions d\'euros que prévoit d\'investir sur Orly Aéroports de Paris visent à augmenter la capacité de cet aéroport. Accueillir une dizaine de millions de passagers supplémentaires, construire une troisième aérogare, réaliser un terminal adapté aux gros-porteurs. Aujourd\'hui, Orly accueille 27 millions de passagers en dépassant très largement le seuil légal des 200 000 mouvements.Comment peut-on croire qu\'en visant les 40 millions de passagers cet aéroport respecterait ce seuil ?En augmentant le nombre de passagers à Orly, ADP augmentera la taille et le nombre des avions. Avec les conséquences inacceptables que l\'on connaît pour ses riverains !En réalité, sous couvert d\'un modernisation ou d\'un relooking, ADP prépare le déplafonnement d\'Orly pour répondre à la croissance du trafic. Tous les experts le confirment, le trafic aérien, en une hausse continue, doublera dans les vingt prochaines années. Aéroports de Paris déclare qu\'il peut gérer cette hausse sur les dix prochaines années en développant encore la plateforme de Roissy. Mais au-delà, et compte tenu du plafonnement d\'Orly, la question est pendante sauf précisément à développer Orly. Et pour le lobby aérien, l\'exemple de Londres est tentant : avec deux pistes également et sur une surface foncière plus réduite, l\'aéroport de Londres-Heathrow traite plus de 475 000 mouvements, soit le double du trafic actuel d\'Orly.Pour des raisons environnementales évidentes (bruit, pollution et risque), les 500 000 riverains d\'Orly ne peuvent subir un tel sort.Alors, pour répondre à cette augmentation du trafic, préparons l\'avenir et tournons-nous vers des solutions durables et responsables. Il y a dix ans déjà, l\'Etat étudiait la solution de construire l\'aéroport du futur. Les sites existent, ils ont été expertisés. Aujourd\'hui, il y a urgence à relancer le débat. Alors, ayons le courage de conduire ce projet à terme. Ayons aussi la sagesse de nous inspirer de nos voisins qui, confrontés au même problème, relocalisent leurs aéroports enclavés et contraints vers des lieux plus adaptés en périphérie où ils pourront pleinement se développer. Berlin, Munich, Oslo viennent de faire ce choix. Londres l\'étudie très sérieusement.Mais c\'est aussi une bonne idée française puisque Monsieur Ayrault ne fait pas autrement en transférant l\'aéroport de Nantes. Ne doutons pas que ce qui est bon pour Nantes le soit aussi pour le reste de la France. 
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