Les grandes écoles devront lutter contre les « déterminismes sociaux »

Après le temps de la tempête médiatique, voici venu celui de la communication. La position de la Conférence des grandes écoles (CGE) publiée en décembre dernier contre la notion de « quotas » d'élèves boursiers dans les grandes écoles (lire « La Tribune » du 9 janvier) a poussé le gouvernement à intensifier sa communication sur la démocratisation de l'accès à ces filières d'élite. Lundi, la ministre de l'Enseignement supérieur a réuni les représentants des grandes écoles pour « déterminer les moyens à mettre en ?uvre afin d'atteindre l'objectif fixé par le président de la République, de 30 % d'étudiants boursiers dans les grandes écoles ». Ferme sur ces objectifs à atteindre « dans les trois ans », Valérie Pécresse a cependant paru hésitante sur la contrainte d'un taux imposé à chaque école. « L'ouverture sociale est désormais une exigence », a-t-elle déclaré, tout en disant « non aux quotas » et en refusant la « contrainte », lui préférant « l'incitation ». Pour autant, les contrats d'objectifs que devront passer cette année les grandes écoles avec l'État devront intégrer cette exigence. Tout dépendra de la subtilité de leur rédaction.méritocratieDans ces conditions, Pierre Tapie, le président de la Conférence des grandes écoles par qui la polémique est venue, et Paul Jacquet, président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI), se sont faits discrets lundi, rappelant que cet objectif « est constitutif de l'esprit des grandes écoles et de la méritocratie républicaine ». Bref, tous les intervenants ont apprécié que le débat de ce début d'année ait « permis d'accélérer le processus ».Valérie Pécresse a, de fait, énuméré hier dix leviers censés contrecarrer les déterminismes sociaux. Il s'agit notamment de promouvoir les cultures scientifique et technique dans le secondaire, d'amener 100 % des écoles à participer aux Cordées de la réussite (partenariats entre établissements d'enseignement supérieur et lycées de zones prioritaires), mais aussi à la procédure Internet admission post-bac (qui débute mercredi) ou encore de créer 100 nouvelles classes préparatoires d'ici à 2011 (prépas à la prépa, dotées d'accompagnement personnalisé ou technologique). Le gouvernement compte aussi sur les internats d'excellence, le développement des admissions parallèles et de l'apprentissage. La gratuité des concours pour les boursiers sera généralisée (c'est déjà le cas à Normale Sup et à Polytechnique) et les épreuves « socialement discriminantes » des concours « rectifiées si besoin » (une mission d'inspection est en cours). Enfin, les grandes écoles devront s'ouvrir à l'enseignement technologique. Une charte scellera prochainement dans le marbre ces engagements. Mais en fait, la majorité de ceux-ci avait déjà été annoncée par le Premier ministre le 23 novembre, à l'issue du comité interministériel à l'égalité des chances. La convention entre grandes écoles et État était d'ailleurs prévue pour fin 2009.
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