L'avenir de la zone euro plus que jamais dans les mains de Berlin

Réunit-on des ministres jusqu'à une heure du matin pour parler de « détails »? Olli Rehn semble le croire. « Les principes sont clairs » mais « les détails techniques et légaux restent à clarifier », déclarait dans la nuit de lundi à mardi le Commissaire aux affaires économiques et monétaires au terme d'un conseil Eurogroupe qui s'était une nouvelle fois transformé en marathon nocturne. Ces « détails », concernant la mise en place du mécanisme de stabilisation de l'euro de 500 milliards décidé le 10 mai, sont en réalité très politiques. Le blocage serait venu du ministre des finances allemand, selon certains quotidiens européens. Wolfgang Schäuble aurait soulevé devant ses homologues de nouveaux impératifs constitutionnels : le parlement allemand devrait approuver chaque déblocage de garantie au bénéfice de tel ou tel pays, en dépit de l'approbation, attendue mercredi, de l'enveloppe globale de 123 milliards d'euros qui représente la part allemande du mécanisme européen. « Faux, totalement faux », a déclaré mardi à la Tribune le porte-parole de la représentation allemande auprès de l'Union européenne. Effectivement, le texte qui sera examiné ce mercredi en première lecture par le Bundestag ne comporte pas une telle exigence. Elle prévoit seulement que la commission du budget soit « informée » du déblocage d'une garantie, comme l'a confirmé à « La Tribune » une porte-parole du ministère fédéral des finances, soulignant toutefois que le parlement avait le pouvoir d'amender la proposition du gouvernement.zones d'ombreLes retrouvailles des ministres des finances ces deux derniers jours à Bruxelles, après leur réunion historique du 10 mai, ont cependant laissé subsisté des zones d'ombre. Le « véhicule spécial » capable de lever 440 milliards d'euros pour racheter les obligations des pays en détresse, sera certes installé au Luxembourg. Mais on ignore par exemple encore quelle sera sa dotation exacte en capital : quelques dizaines de milliards si on veut permettre au fond de s'endetter à un coût raisonnable. Un capital que les participants au mécanisme - les 16 membres de la zone euro et probablement la Pologne et la Suède - devront, contrairement aux garanties, bel et bien débourser. Reste enfin et surtout à avancer sur le volet préventif du sauvetage de la monnaie unique  : la « gouvernance économique » pour assurer une vraie convergence et résorber le surendettement. Wolfgang Schäuble peaufine des propositions en vue d'une nouvelle réunion des ministres des finances vendredi à Bruxelles sous la présidence d'Herman van Rompuy. L'idée de proposer d'étendre au reste de l'Europe le principe d'une interdiction des déficits, inscrite depuis 2009 dans la Constitution allemande, flotte à Berlin. Mais rien ne dit qu'elle sera, déjà, mise sur la table cette semaine.
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