L'Allemagne s'interroge sur son modèle social

Celui qui, en Allemagne, tombe dans la pauvreté a de moins en moins de chance d’en sortir. C’est la conclusion principale d’un rapport réalisé par la Conférence nationale sur la pauvreté (NAK), qui regroupe les principales associations d’aide aux nécessiteux du pays et publié ce mardi.\"Scandale\"La NAK entend porter ce sujet au cœur du débat alors que commence la campagne électorale et que, cette semaine, le gouvernement fédéral doit approuver un rapport officiel sur la répartition de la richesse outre-Rhin. Le bilan de la NAK est très alarmiste, estimant que le «taux de pauvreté» évolue depuis plusieurs années entre 14 et 16% de la population. «C’est un scandale que ce chiffre reste à de tels niveaux», estime l’association.Pour un salaire minimumLa NAK s’inquiète particulièrement de l’évolution de la pauvreté des personnes âgées et demande que l’on prenne deux mesures. D’abord, l’établissement d’un salaire minimum général. «Les mini-jobs d’aujourd’hui, sont les mini-retraites de demain», estime la NAK, qui prend partie dans un débat très sensible outre-Rhin. Car si la CDU et le SPD sont désormais d’accord sur le principe, ils le sont moins sur les modalités et doivent faire face au refus des industriels. L’affaire est loin d’être anecdotique: près d’un quart des actifs allemands travaillent avec un faible salaire.Supplément de retraite?Seconde proposition de la NAK : élargir les possibilités de cotiser à la retraite d’Etat compte tenu de la précarisation croissante du salariat allemand. Cette question de la pauvreté des retraités est un sujet brûlant depuis plusieurs mois outre-Rhin. Le gouvernement voudrait introduire un «complément de retraite» pour les pensions les plus faibles. Mais le projet est également très contesté.Revers du modèle allemandReste que l’Allemagne commence à s’interroger de plus en plus sur le revers de son modèle. La semaine dernière, une étude de la Fondation Bertelsmann s’inquiétait d’une réduction croissante de la classe moyenne et lundi, le quotidien munichois de centre-gauche Süddeutsche Zeitung, estimait dans son éditorial que si «sur le plan économique, l’Allemagne semble un modèle, mais en matière sociale, elle apparaît comme un échec complet.»L\'OCDE sévèreLa raison de cette dernière colère est une étude de l’OCDE qui place l’Allemagne en septième plus mauvaise position concernant l’écart de salaires entre hommes et femmes qui ont des enfants. Cet écart atteint 25% outre-Rhin, contre 12% en France et 22% pour la moyenne des 36 pays de l’OCDE. Sur les «revenus moyens», l’Allemagne est en troisième plus mauvaise position. L’étude de l’OCDE met également en évidence la forte inégalité dans les retraites entre hommes et femmes. L’écart atteint 49,9%, contre 34% pour la moyenne de l’OCDE et 38,7% pour la France. L’organisation internationale met en évidence les difficultés des gardes d’enfants pour les femmes qui, souvent, occupent des emplois à temps partiel.Autrement dit, l’Allemagne n’est pas le paradis terrestre que d’aucuns se plaisent à célébrer.
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