Le gouvernement active un plan de crise face à la pénurie de carburant

Près de 4.000 stations-service, sur un total de 12.500 continuaient hier à être en pénurie d'au moins un carburant, selon Jean-Louis Borloo. François Fillon, qui a convoqué une réunion sur le sujet, a indiqué que le gouvernement avait décidé de mettre en place « un plan d'acheminement des carburants » pour approvisionner les stations et qu'il faudrait « quatre à cinq jours avant que la situation redevienne normale ». Une mutualisation des dépôts de carburant est aussi programmée, dans le but d'optimiser la distribution. Comment en est-on arrivé là ? Aujourd'hui, les douze raffineries françaises ne produisent plus de carburants à partir de leur brut, principalement importé d'Afrique et d'ex-URSS. Les dépôts de carburants ne sont donc plus alimentés en produits finis à partir de celles-ci. Les opérateurs pétroliers tentent d'y remédier en important directement des carburants. Mais le blocage des dépôts, à partir desquels sont alimentées les stations, perturbe considérablement l'approvisionnement du pays. Cela, alors qu'une importante surconsommation - de 50 % selon le gouvernement, de 300 à 500 % le week-end dernier selon la grande distribution - est constatée en raison « d'achats de précaution ». Hier, « une vingtaine » de dépôts étaient bloqués sur « 219 », selon Jean-Louis Borloo. Mais ce seul chiffre donne une image incomplète de la situation. Il existe dans l'Hexagone une soixantaine de dépôts principaux appartenant aux opérateurs pétroliers, dont les cinq plus grands concentrent près d'un tiers des capacités de stockage françaises. Par ailleurs, vingt départements ne compte aucun dépôt. Que celui qui les alimentent soit bloqué, et la complexité de son réapprovisionnement sera encore accrûe. Dans le contexte actuel, les organisations professionnelles du pétrole et du transport appellent l'État à débloquer les stocks stratégiques, ou stocks de réserve. État membre de l'UE, la France doit constituer des stocks représentant 90 jours de consommation intérieure moyenne (et prendre des mesures similaires comme membre de l'Agence internationale de l'énergie). Ces stocks ne sont pour l'essentiel pas localisés dans des espaces séparés, à l'exception de rares sites dédiés, mais au sein des capacités de stockage des opérateurs pétroliers. Ils doivent contenir au moins 60 % de produits raffinés, le reste étant du brut, inexploitable actuellement. Le prélèvement d'une partie de ces stocks a débuté. « L'administration laisse des latitudes pour puiser dans les stocks de réserve à condition qu'on le rende le mois qui suit », souligne un acteur de la distribution pétrolière. O. H.
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