Test réussi pour l'émission de 2 milliards de dollars de « cocos » lancée par Credit Suisse

Ceux qui doutaient de l'existence d'un marché pour les « cocos » (« contingent convertible bonds »), ces titres de dette qui se transforment automatiquement en capital à partir d'un certain niveau de stress sur les fonds propres, ont pu juger sur pièce. La semaine dernière, l'émission par Credit Suisse de 2 milliards de dollars de « cocos » a attiré 22 milliards d'ordres de la part des investisseurs, selon les banques chargées de placer l'opération. Cette dernière apparaissait comme un véritable test. Les trois « cocos » placés jusque-là étaient en effet peu significatifs, soit en raison de la taille des banques émettrices, soit du fait de la nature de l'opération.Ainsi, Rabobank avait émis 2 milliards de dollars de capital contingent en janvier et Lloyds avait proposé des « cocos », mais en échange de 7,5 milliards de livres sterling de dette existante. Credit Suisse, quant à elle, avait déjà réussi à convaincre deux de ses actionnaires stratégiques de prendre 3,5 milliards de dollars et 2,5 milliards de francs suisses (soit un total équivalent à plus de 6 milliards de dollars) de titres, mais cela restait un placement privé. Le succès de l'émission de Crédit Suisse devrait conduire d'autres banques comme Barclays à se lancer à leur tour. Mais il faut encore que les régulateurs nationaux se prononcent. À première vue, tous ont intérêt à faire décoller le marché des « cocos ». Grâce à ces titres de dette, les banques considérées comme « trop grandes pour tomber », pourraient éviter d'avoir à procéder à de coûteuses augmentations de capital, pour satisfaire à des exigences de fonds propres revues à la hausse par le régulateur. D'ici à la fin de l'année, le Conseil de stabilité financière doit en effet établir la liste des SIFIs (« systemically important financial institutions ») et déterminer la façon dont ces dernières devront être régulées. « En 2007-2008, à l'exception des banques islandaises et d'un ou deux établissements irlandais, toutes les banques secourues par les États n'auraient pas eu besoin d'argent public, si elles avaient pu convertir toute leur dette hybride en capital », remarque par ailleurs un banquier. Ainsi, les « cocos » émis par Crédit Suisse seront automatiquement convertis en actions si le coeur du bilan (ratio Tier 1) de la banque helvétique devait tomber sous le seuil des 7 % fixé par les normes de Bâle III. Sophie Rolland
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