Des négociations à haut risque s'ouvrent dans la fonction publique

Hasard du calendrier ou stratégie mûrement pensée ? En ouvrant, quelques jours à peine après avoir dévoilé sa réforme des retraites, des négociations sur les salaires et sur les contractuels dans la fonction publique, l'exécutif prend le risque de rendre le climat social explosif chez les fonctionnaires. Et de gonfler les cortèges, jeudi, lors de la journée de mobilisation lancée par six organisations syndicales (CGT, CFDT, Unsa, CFTC, Solidaires et FSU). L'exécutif affiche, en effet, la plus grande fermeté sur les salaires alors que se tient vendredi 25 juin la première des deux séances de négociations prévues avec les syndicats. François Fillon ayant annoncé un coup de frein sur les dépenses publiques, l'évolution de 0,5 % du point d'indice promise par Eric Woerth il y a plusieurs mois déjà n'est désormais même plus garantie. Cette très grande fermeté s'ajoute aux efforts demandés par le gouvernement dans le cadre de la réforme des retraites. Outre la suppression du dispositif de départ anticipé au bout de quinze ans de service pour les parents de trois enfants et les restrictions d'accès au minimum garanti, l'exécutif a acté le relèvement des cotisations retraite des fonctionnaires de 7,85 % à 10,55 % dans un délai de dix ans. Tant Eric Woerth que Georges Tron n'ont cessé de marteler ces derniers jours qu'aucune compensation salariale à cette hausse ne serait prévue. « La question des retraites est, pour Eric Woerth et moi, déconnectée de celle des salaires. Il n'est pas question de compenser la première par la seconde », indiquait Georges Tron, le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, vendredi dans « Le Figaro ». « Le gouvernement a besoin d'afficher un positionnement politique de droite. Mais il prend le risque de perturber l'équilibre qu'il avait construit avec les syndicats ces derniers mois sur les retraites », analyse Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail. Le raisonnement n'est, en effet, pas du goût des organisations syndicales. « Même si la hausse de la cotisation est étalée sur dix ans, elle conduit à une baisse de ce que touchent à la fin du mois les quatre millions d'agents concernés », insiste Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT Fonction publique. « On savait que la base de la négociation salariale serait basse. Mais là, on est sur une baisse du pouvoir d'achat », renchérit Anne Baltazar, secrétaire générale de la fédération des fonctionnaires de FO. Pour l'instant, le seul dossier sur lequel l'exécutif pourrait faire un geste serait celui des non-titulaires. Mardi, aura lieu la première réunion multilatérale sur le sujet. Et même si l'entourage de Georges Tron prend bien soin de ne pas évoquer un plan massif de titularisation, des mesures destinées à éviter les abus dans le recours aux contrats de droit privé seraient bien perçues par les organisations syndicales. Mais cette éventuelle concession ne suffira probablement pas à faire baisser la pression alors que le mécontentement, alimenté notamment par les suppressions de postes, va croissant. Le taux de grève dans la fonction publique ? même si la mobilisation des enseignants pourrait être plus faible en cette période d'examen ? et l'ampleur des cortèges jeudi seront de bons indicateurs du degré de crispation. Nul doute que le gouvernement les étudiera avec attention. Et qu'il ajustera, si nécessaire, son discours d'ouverture des négociations salariales, vendredi, s'il sent que la situation est en passe de lui échapper...
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