La crise grecque, une aubaine pour les étrangers à la recherche d'immobilier bon marché

Il y a quelques années tout souriait à Michali. La trentaine, coiffeur en vogue à Athènes, il avait installé son salon de coiffure chez lui, dans un superbe duplex qui fait face à l\'Acropole et qu\'il avait rénové pour 100.000 euros. Avec le remboursement du prêt immobilier il en avait pour 1000 euros de remboursement par mois, \" je les réglais sans problème\", se souvient-il, car \"le salon ne désemplissait pas\". Maintenant le client se fait rare. Michali arrive à peine à payer sa traite. Sauf que sa maison qui avant la crise valait entre 250.000 et 300.000 euros n\'en vaut plus que 150.000. Les prix dans la capitale grecque ont chuté de 40%.Système fiscal dissuasifEt le nouveau système fiscal oblige beaucoup de Grecs, la mort dans l\'âme, à se séparer de leur maison familiale pour ne pas avoir à payer les nouvelles taxes. Dimitri, professeur de physique qui vivait de ses cours particuliers, avait une petite maison dans le Péloponnèse à Pyrgos. Jusque là, elle ne lui coûtait pratiquement rien. Mais avec sa voiture achetée à crédit il y a deux ans, elle est désormais considérée «comme un signe objectif de richesse». Il doit donc payer 5500 euros d\'impôts plus la taxe immobilière payée avec la facture d\'électricité, soit 800 euros. Une somme qu\'il est incapable de payer d\'autant que la moitie de ses élèves ont abandonné les cours particuliers. Il cherche donc à vendre coûte que coûte. Une situation commune en Grèce. Et c\'est autant d\'occasions à saisir pour ceux qui veulent acheter, essentiellement les touristes européens.Un marché effondré, des îles à la portée de tous L\'île de Paros, dans les Cyclades, une des îles les plus courues par les touristes, dotée d\'un aéroport et relativement proche d\'Athènes est considérée comme l\'Ibiza de la mer Égée. Maisons cycladiques blanches à perte de vue, cotes ourlées de sable, mer d\'un bleu intense, soleil à volonté, le rêve pour tous les Européens qui l\'envahissent chaque été. L\'île compte 12.000 habitants l\'hiver et 100.000 l\'été. ici, 6.000 maisons sont habitées et 2.000 sont en vente. Jadis, les prix étaient gonflés « de façon incroyable, et chacun achetait, Grecs et étrangers », se souvient Panayiotis Livadas, agent immobilier et constructeur sur l\'île. La folie immobilière avait atteint tout le monde, «Les habitants de l\'île achetaient des terrains pour construire, revendre et se prendre un beau bénéfice au passage ». Mais la crise est arrivée. Les prix se sont effondrés de 15 à 20% « ce qui les remet à un niveau normal » souligne Panayiotis Livadas. Pour autant, il a dû réviser à la baisse les deux villas qu\'il voulait vendre : 100 m² habitables avec autant de terrasse avec vue imprenable sur la mer en hauteur, nouvellement construites avec tout le confort souhaité. Mises en vente actuellement à 390.000 euros frais de notaire compris au lieu de 450.000 euros d\'il y a deux ans. Mais il peine encore à trouver acheteur. Alors il s\'est résolu à diviser en deux les villas et il vient de vendre le dernier étage de l\'une d\'elle à 200.000 euros à un Français.Des étrangers en position de force Panagiotis Simirtzis, autre promoteur dans les Cyclades, résume la situation : «Il y a encore cinq ans, 70% de mes clients étaient des Grecs fortunés, et 30% des étrangers. Les deux cherchaient essentiellement des maisons de vacances ou de campagne. Aujourd\'hui, il ne reste plus que les étrangers qui sont en position de force. Ils savent qu\'ils n\'ont qu\'à attendre que la crise progresse pour que les prix qui ont déjà considérablement baissé baissent encore davantage.\" Il secoue la tête. \"Certains\" note-t-il ont une attitude \"vraiment arrogante\". Comme ce client qui lui a proposé un prix dérisoire pour une très belle maison qu\'il visitait et dont le prix avait déjà été baissé de 20% du prix initial et qui lui a déclaré : « Mais vous n\'avez pas une crise, ici en Grèce ? ». « Celui-là, dit Panayiotis Simirtzis, je me suis permis de l\'envoyer promener. » Dominique, Français établi depuis 25 ans en Grèce, espère pouvoir enfin trouver la « maison de ses rêves ». « Cela fait des années que je rêve d\'une maison au bord de l\'eau, mais c\'était inabordable », explique-t-il avant d\'ajouter : « j\'aime ce pays, j\'y vis et je veux y passer ma retraite; je ne veux pas exploiter la situation, mais les prix étaient auparavant vraiment surestimés. Maintenant, dés que je suis en vacances dans une île, je recherche la bonne affaire. »125.000 maisons à vendreAu bénéfice de la crise, il y a 125.000 maisons à vendre dans les îles grecques. Cela va des maisonnettes à vendre, aux îles entières, qui sont parfois bradées. A Paros par exemple, Aristotelis Tsiountalas a construit des maisonnettes qu\'il espère vendre 80.000 euros pièce, « c\'est juste le coût de la construction, assure-t-il, mais les crédits m\'étouffent et les banques ne me prêtent plus, je dois rembourser ou je vais tout perdre ». Selon la presse grecque, ces mêmes banques qui ne prêtent plus raflent voitures et maisons dès qu\'une traite n\'est pas remboursée pour les revendre sur un marché très fermé, de ventes aux enchères. Or, 20% des emprunts immobiliers, d\'un montant total de 14 millions d\'euros peinent à être remboursés.
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