Les mutelles accusées par les internes de privatiser la santé

La banderole de tête de cortège de manifestants d\'internes des hôpitaux proclamait ce mardi 20 novembre: \"Pour une santé juste et égale pour tous, indépendance des médecins face aux mutuelles\". Parti du boulevard Pasteur près de la gare Montparnasse pour rejoindre le ministère de la Santé, avenue Duquesne, les manifestants étaient plus de 3000, selon les organisateurs. Très véhéments, les internes ont commencé une grève il y a une semaine le 12 novembre, même si nombre d\'entre eux sont réquistionnés pour assurer la continuité des soins.La ministre de la Santé, Marisol Touraine, était la cible des critiques de la manifestation mais elle n\'était pas la seule. Les mutuelles étaient aussi dans le collimateur avec des slogans comme \"MST, mutuelles sans tact\", \"mutuelles = privatisation de la santé\", \"mutuelles, 100 euros de cotisation, 20 euros de pub\" ou encore \"avec les maladies, les mutuelles se refont une santé\".La proposition de loi sur les réseaux de soins attisent les tensionsSelon Emanuel Loeb, président du syndicat d\'internes l\'Isnih, les internes \"ont toujours la même ligne de conduite et nous demandons le retrait de la propositions de loi 296\" sur les réseaux de mutuelles. Cette proposition de loi déposée par les députés socialistes, vise à à autoriser les mutuelles à mieux rembourser leurs adhérents s\'ils choisissent de \"recourir à un professionnel de santé, un établissement de santé ou un service de santé membre d\'un réseau de soins\", avec lequel les mutuelles auront passé des contrats fixant des tarifs et des critères de qualité.\"L\'ensemble des internes est mobilisé sur cette problématique contre la privatisation de la santé. Cela ne concerne pas seulement les médecins mais aussi les paramédicaux comme les infirmiers, les podologues, etc.\", a confié Emanuel Loeb à l\'AFP.Le Bloc, syndicat de médecins libéraux des blocs opératoires, a apporté son soutien à la manifestation. L\'un de ses dirigeants, Didier Legeais, a expliqué que \"les libéraux viennent soutenir le mouvement des plus jeunes légitimement inquiets pour leur avenir\".Les internes craignent l\'extension des réseaux agréés aux médecins Dans le cortège, une jeune interne de Toulouse, Anastasia Bonnet, 21 ans, a expliqué à l\'AFP que la proposition de loi allait conduire les mutuelles \"à créer un catalogue de médecins affiliés pour mieux rembourser certains patients\". \"Nous redoutons surtout que ces médecins voient leurs prescriptions de fait dictées par les mutuelles\".Un autre interne, futur ophtalmologiste de 28 ans venu de Dijon, Jean-Christophe Ramel, a défendu le principe \"des compléments d\'honoraires qui nous permettent d\'innover et d\'acheter du matériel\".Les mutuelles santé dénoncent la diabolisation des réseauxPourtant, les mutuelles de santé se défendent de vouloir étendre leurs réseaux de professionnels agréés, aujourd\'hui principalement constitués d\'opticiens, de dentistes et d\'audio-prothésistes aux médecins généralistes ou spécialistes. \"L\'objectif n\'est pas de contractualiser avec des médecins généralistes ou spécialistes\", a rappelé lundi 19 novembre, Stéphane Junique, membre du comité excecutif de Harmonie Mutuelle et président de Harmonie Services Mutualistes, qui a participé au débat parlementaire la semaine dernière sur la proposition de loi. Pour lui, cet argument est agité comme un chiffon rouge pour attiser les craintes et renforcer l\'opposition aux réseaux de soins.\"La proposition de loi a été instrumentalisée par une minorité d\'internes et par certains syndicats médicaux qui veulent prolonger les discussions sur les dépassements d\'honoraires\", a par ailleurs déclaré le président de la MGEN Thierry Beaudet, devant la presse, faisant référence à l\'accord sur les dépassements d\'honoraires fin octobre, contesté par notamment par les chirugiens libéraux et certains internes.La contractualisation individuelle avec des médecins n\'est cependant pas totalement inexistante mais elle reste marginale. La MGEN a passé un accord avec 470 médecins en particulier chirurgiens et obstétriciens exerçant dans des cliniques principalement dans des cliniques à but lucratif ou non lucratif pour limiter leur dépassement d\'honoraires à 150% maximum. Les deux plus grandes mutuelles santé françaises, MGEN et Harmonie Mutuelle, qui sont aussi les plus engagées dans la constitution de réseau de soins, \"déplorent les attaques irrationnelles dont les conventionnements font l\'objet. A but non lucratif, les mutuelles n\'ont d\'autre intérêt que de garantir l\'accès aux soins de leurs adhérents\", indiquent-elles dans un communiqué commun du 20 novembre. Elles rappellent qu\'elles couvrent, à elles deux, 8 millions de personnes qui ont accès à différents réseaux de soins: 4 pour la MGEN et les mutuelles qui y sont rattachées par le biais du groupe Istya (dentaire, optique, audioprothèse et hospitalisation), 2 -et bientôt 3- pour Harmonie (optique et audioprothèse, bientôt dentaire).
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