Ingénieur de Centrale Paris, Driss Lamrani est théoricien de la gestion des risques et un praticien de la finance. C'est donc en théoricien et en praticien qu'il nous propose une analyse critique des bulles financières et qu'il dresse les contours d'une réforme profonde de notre modèle économique. Il ne s'agit donc pas ici de réexpliquer les causes de la crise de 2008 mais bien de comprendre tous les dysfonctionnements du système. Et comprendre, c'est commencer à prévenir. C'est urgent car, selon l'auteur, nous assistons en direct à la formation d'une troisième bulle, la bulle « Geithner », après la bulle « Greenspan » et la bulle « Internet ».Dans une première partie de cet ouvrage dense, Driss Lamrani entre dans le détail des relations complexes des différents agents économiques, explique les ressorts de leurs aspirations (et donc de leurs faiblesses), éclaire les différentes étapes du cycle de formation des bulles, analyse les modes de circulation de l'argent ou les imbrications entre les flux et les stocks dans l'économie. Bref, pour mettre à nu la mécanique de la bulle, il convient d'explorer la séquence génétique de notre économie. L'auteur revient ainsi sur l'exemple japonais, un scénario qui menace de se reproduire aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans les pays de la zone euro. Le chapitre consacré à la « myopie des régulateurs » est également passionnant à l'heure où les autorités politiques tentent de réformer cette régulation. Car l'auteur, dans la deuxième partie de l'ouvrage, trace des pistes de réformes. L'ambition n'est pas d'empêcher les bulles de se former - on ne peut réguler l'humeur des hommes - mais bien de réduire l'ampleur des cycles, et donc les conséquences de la formation et de l'éclatement de la bulle. Il trace ainsi les lignes directrices d'une nouvelle régulation, en mettant en avant la primauté de l'esprit de la loi sur la loi pour éviter les contournements. Il définit également un nouveau rôle pour l'État mais aussi des différents acteurs de la finance, en premier lieu les fonds de pension. Chacun doit prendre ses responsabilités car le modèle économique que l'on croyait extrêmement fort se révèle de plus en plus extrêmement fragile. Toutes ces pistes de réflexion nous amènent implacablement à nous interroger sur un choix de société. E. B.

latribune.fr

21 Avr 2011, 21:42

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