La région du séisme, indispensable pour l'industrie mondiale

Le Tohoku est une région qui ne faisait jamais les gros titres de la presse. Plutôt rurale, cette longue plaine au nord de Tokyo a longtemps été surnommée le « grenier du Japon » lorsque sa production agricole et piscicole était, jadis, abondante. Elle sombrait lentement dans l'oubli et l'exode rural avant d'être frappée en plein coeur par le séisme et le tsunami du 11 mars. Mais c'est une région capitale pour les industries manufacturières du monde entier. Car elle est le berceau de dizaines de petites et grandes entreprises qui détiennent des « pépites » industrielles nichées sur les produits finis de haute technologie qui nous sont vendus chaque jour sous des marques japonaises, chinoises, sud-coréennes ou américaines. Le Tohoku représente ainsi 21 % de la production électronique de produits finis, et 11 % de celle des composants au Japon. Les manques de composants dus au séisme se répercutent depuis un mois tout le long des process industriels modernes, entièrement mondialisés.Dans l'électronique embarquée par exemple, Renesas occupe 45 % du marché mondial des microcontrôleurs nécessaires pour gérer l'information qui circule entre l'ABS, les airbags, etc. Cet équipementier a cinq usines dans le Tohoku. Elles tournent aujourd'hui à la moitié de leurs capacités et posent de problèmes aux assembleurs automobiles de la planète, de Toyota à Chrysler. THK, qui fabrique des fabricants de mouvements linéaires nécessaires au bon fonctionnement des robots industriels, occupe une part de marché mondial de 50 % sur son secteur, et a 30 % de ses capacités de production dans la zone sinistrée. Redressement phénoménalPourtant, les craintes de pénurie se dissipent peu à peu. « Le redressement de la région est rapide et phénoménal. Les routes ont été réparées au point que la logistique n'est plus un problème. L'eau et l'électricité sont rétablies. Les magasins sont achalandés », explique Jérémie Capron, analyste pour CLSA, de retour d'une tournée de 17 sites industriels dans la région. « Le port d'Hitachinaka, important pour exporter des machines de construction, est déjà en état de marche, mais à un rythme encore ralenti. Les proches usines de Komatsu et Hitachi Construction n'ont aucun dégât visible de l'extérieur. » Régis Arnaud, à Tokyo
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