Les réservations de logements neufs ne finissent plus de dégringoler

Les réservations de logements neufs auprès des promoteurs immobiliers ont poursuivi leur dégringolade au premier trimestre 2024, avec une chute de 22,4% sur un an, selon les statistiques provisoires du ministère de la Transition écologique publiées vendredi.
Entre avril 2023 et mars 2024, 358.600 logements ont été autorisés à la construction, soit 19,8% de moins que sur les 12 mois précédents.
Entre avril 2023 et mars 2024, 358.600 logements ont été autorisés à la construction, soit 19,8% de moins que sur les 12 mois précédents. (Crédits : DR)

Mais où s'arrêtera la chute ? Les réservations de logements neufs auprès des promoteurs immobiliers se sont encore écroulées au premier trimestre 2024, avec une chute de 22,4% sur un an. Le nombre de réservations, qui s'est établi à 15.130 logements, baisse sans discontinuer depuis sept trimestres, selon les statistiques du ministère de la Transition écologique publiées vendredi.

Le nombre de logements mis en vente par les promoteurs augmente ce trimestre à 15.730 (+7,2%) mettant un terme à la baisse constatée depuis six trimestres, mais les commercialisations ont fortement chuté sur un an, à -38%. Conséquence, l'encours de logements neufs disponibles à la vente augmente de 1,6% sur un an pour atteindre 129.250 logements, en hausse constante depuis début 2022.

La chute des réservations est un peu plus marquée pour les maisons (-5,3%) que pour les appartements (-3,5%), cœur de métier des promoteurs. Le prix moyen au mètre carré des appartements neufs s'établit à 4.780 euros au premier trimestre, en légère baisse par rapport au trimestre précédent (-0,9%). Les réservations concernent tous les territoires tendus et augmentent de 23,3% dans les petites villes et les zones peu denses (zone C).

90.000 emplois menacés d'ici fin 2024

Le contexte économique est très défavorable à la construction neuve. Les coûts ont en effet sensiblement augmenté du fait de matériaux plus chers et de normes environnementales plus strictes. Parallèlement, les acquéreurs ont pâti de la remontée des taux d'intérêt et de la réduction de dispositifs publics de soutien à l'immobilier neuf.

La Fédération française du bâtiment (FFB) craint 90.000 suppressions d'emplois d'ici fin 2024 puis 150.000 mi-2025. Nexity a ainsi annoncé fin avril la suppression de 502 postes pour faire face à la profonde crise de la construction. Le coût de ce plan pour le groupe est estimé à environ 50 millions d'euros, indique dans un communiqué Nexity, qui prévoit d'en tirer 36 millions d'euros d'économies dès 2025, puis 45 millions par an.

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Ce plan social est le plus important annoncé cette année par un promoteur, la filiale immobilière de Bouygues ayant annoncé 225 suppressions de postes à venir, tandis que Vinci Immobilier a annoncé un plan social non chiffré pour l'heure. Au premier trimestre, les réservations de logements de Nexity ont chuté de 29% en nombre et 22% en valeur par rapport au premier trimestre 2023, indique le groupe, précisant cependant que les ventes au détail (aux particuliers) ne baissaient plus.

Parmi les mesures réclamées pour enrayer la chute, la FFB souhaite le rétablissement du prêt à taux zéro (PTZ) en vigueur en 2023, un assouplissement des règles du crédit, le remplacement du dispositif d'investissement locatif Pinel voué à disparaître fin 2024, ainsi que le report de 2025 à 2028 du calendrier d'application de la réglementation environnementale RE2020.

 « Encore pire que la fin de l'année 2023 »

Alors qu'une embellie était annoncée pour 2024 avec une légère amélioration des conditions de financement des ménages, le premier trimestre est « encore pire que la fin de l'année 2023 », a alerté mardi la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). « Le jour où il y aura une reprise de la demande, on sera coincé par le manque d'offres », a averti Pascal Boulanger, son président, qui appelle néanmoins « à relancer la demande pour relancer l'offre ».

Sur ce point, interrogé par La Tribune, fin mars, le ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, s'était voulu rassurant : « La crise de la demande est liée à l'envolée des taux d'intérêts ces dix-huit derniers mois. Aucun marché n'est plus sensible aux taux d'intérêt que le marché immobilier. Leur hausse continue et substantielle, avec des taux supérieurs à 4%, conjuguée à la baisse du pouvoir d'achat a engendré une impossibilité de réaliser les projets. Bonne nouvelle : nous assistons à une stabilisation voire à une légère diminution des taux d'intérêt. Les banques nous indiquent que le robinet du crédit est ouvert, avec plus de 35% de prêts octroyés en février par rapport à janvier. Certes, le niveau de production de crédits est encore bas mais la tendance est à l'amélioration. »

Concernant le projet de loi logement présenté début mai pour tenter de débloquer le parcours résidentiel des Français, le patron de la FPI a estimé que les mesures de simplification allaient « dans le bon sens (mais que ce n'était) vraiment pas du tout à la hauteur de l'enjeu et de la catastrophe ».

 Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur, les régions les plus tendues

Le nombre de chantiers commencés, qui suit traditionnellement celui des permis de construire, continue également de plonger, avec 283.200 mises en chantier entre avril 2023 et mars 2024, soit une baisse de 23,3%, un nombre historiquement bas.

Entre avril 2023 et mars 2024, les maisons individuelles ont fait l'objet de 129.200 autorisations (-22,2%), tandis que les logements collectifs en ont obtenu 229.300 (-18,4%). Au sein des logements collectifs, les résidences (étudiantes, seniors, etc.) tirent un peu leur épingle du jeu avec une baisse de « seulement » 8,8%.

Les Hauts-de-France et la Bretagne s'en sortent un peu mieux que les autres régions de l'Hexagone, avec des baisses de 4,8% et 8,7% respectivement. Les régions les plus tendues, Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur, ont connu des baisses sensibles des permis délivrés avec respectivement -26,1% et -28,8%.

(Avec AFP)

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Commentaires 9
à écrit le 18/05/2024 à 15:07
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D'un côté une classe moyenne laminée et smicardisėe qui se tourne vers la location d'un appartement à vie, si possible à loyer modéré, de l'autre des boomers et des fonctionnaires qui investissent leurs économies dans l'immobilier car les prestations...

à écrit le 17/05/2024 à 17:44
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Trop de béton pour le logement social, des yourtes devraient suffir à accueillir tous les nomades issus du désert...

à écrit le 17/05/2024 à 16:38
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wow, quelle surprise, avec la fin du quoi quil en coute tout gratuit rembourse en cmu par la secu!!!!! 5000 euros le m2, ca serait y pas la qu'il y a un pb? pour resoudre la question se demander pq ca coute ca, voila, ca sera un bon debut ( oui bon, ...

à écrit le 17/05/2024 à 13:32
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Pour acheter il faut des "sous", donc des niveaux de salaires ET des situations stables sur le long terme qui permettent de s'endetter ET des prix raisonnables ET des Taux d'intérêts autres qu'usuraires.Le compte n'y est donc pas et on en voit les...

le 17/05/2024 à 23:27
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Tout est dit et bien dit! Le réel sera toujours plus fort que la com!

le 18/05/2024 à 10:54
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En fait, c'est tout le paradigme néo-libéral qui arrive en bout de course car il a été pensé pour les boomers et ces derniers arrivent en fin de vie, d'où la désintégration des LR et les difficultés du pouvoir actuel qui à ce rythme finira derrière l...

à écrit le 17/05/2024 à 12:40
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Bon, et bien c'est une très bonne nouvelle pour l'écologie. On arrête de bétonner ? Tant mieux. Il y a assez de logements en France

à écrit le 17/05/2024 à 12:10
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Il va falloir vous y faire. Le parc immobilier a été capté par des rentiers, retraités ou grands capitalistes. Les générations actives actuelles se font saigner à chaque réforme, nous n'avons pas le budget pour continuer à nourrir ce Ponzi.

à écrit le 17/05/2024 à 11:48
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Ce n'est pas étonnant, les laxismes budgétaires et monétaires avaient fait monter en apesanteur les prix de l'immobilier au point que 80% des propriétaires n'auraient pas les moyens d'acheter le bien aux prix actuels, alors les nouveaux entrants de p...

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