Le petit commerce paie un lourd tribut à l'austérité

Habituellement, les commerçants grecs, en particulier ceux du centre d'Athènes, comptent sur les soldes d'été et le mois de décembre pour réaliser plus de 80 % de leur chiffre d'affaires.Cette année, c'est mal parti. Avec la nécessité d'un régime d'austérité annoncé à la mi-décembre dernier, juste avant les traditionnels achats de Noël, les boutiques restent désespérément vides malgré des remises de 40 % à 50 %, voire 70 %. « Regardez ! Il est près de 14 heures et je n'ai eu que deux clientes qui n'ont acheté que des tongs à 3 euros ! » se lamente Voula, propriétaire d'un magasin de chaussures sur la très commerçante rue Patission, l'artère principale de la capitale. Voula a déjà fermé un de ses magasins dans la banlieue chic de Halandri. Elle songe sérieusement à faire pareil avec sa boutique du centre-ville. Elle fait partie des quelque 55 % des commerçants de détail qui ne peuvent plus faire face à leurs obligations courantes, comme le loyer, faute de crédits bancaires. « Pour nous, il y a peu de solutions. J'ai licencié mes vendeurs et j'ai demandé au plus ancien de revenir travailler à la journée, le samedi. Je ne le paye plus en salaire, mais à la commission sur les ventes. J'ai limité les frais, en coupant même l'air conditionné. Si le gouvernement ne m'aide pas, je ferai comme mes voisins : je déposerai le bilan », explique-t-elle. Le rapport de la Confédération nationale du commerce (Esee) confirme la tendance : près de 15 % des boutiques et magasins de la région athénienne ont fermé ces derniers mois en raison de la crise que traverse le pays. Dans les principales rues commerçantes du centre de la capitale, les fermetures atteignent 17,2 %, voire 20 % et 25 % respectivement pour les rues Panepistimiou et Stadiou. Dans le quartier chic de Kolonaki, c'est 11,8 % des magasins qui ont fermé. Du jamais-vu ! 100.000 emplois perdusPour l'Esee, ces fermetures en cascade se traduisent par une perte d'au moins 100.000 emplois et autant de cotisations sociales en moins dans les caisses de l'Etat. Selon Vassilis Korkidis, président de l'Esee, le pire est à venir. En effet, « si le gouvernement persiste », le passage de la TVA en septembre de 21 % à 23 % pour toute une série de produits courants « sera la pierre tombale du petit commerce ». Le gouvernement se veut rassurant. « Nous sommes conscients des problèmes des commerçants, et nous travaillons à la création d'un environnement propice aux investissements, mais nous ne pouvons pas en quelques mois régler toutes les erreurs, tous les dysfonctionnements des gouvernements précédents », déclare le vice ministre de l'Economie, Fillipos Sachnidis. Angélique Kourounis, à Athène
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