« Mieux accompagner les grands contrats français »

Christine Lagarde, ministre de l'Economie, et Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat chargée du Commerce extérieurCe mercredi à Bercy, lors d'un séminaire réunissant une vingtaine de grandes entreprises, Christine Lagarde, la ministre de l'Economie, et Anne-Marie Idrac, la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, ont présenté plusieurs mesures pour renforcer le dispositif d'appui aux grands contrats, face à la concurrence croissante des émergents.Remporter des grands contrats était l'une des spécialités de la France, n'est-ce plus le cas ?Christine Lagarde. Si bien sûr, mais il faut simplement se rendre à l'évidence : les pays émergents sont désormais les moteurs de la croissance mondiale et des acteurs incontournables du commerce international. Ce changement de statut s'est accéléré pendant la crise. Alors que les économies occidentales faisaient face à la plus grave récession de leur histoire, la plupart des pays émergents ont très vite retrouvé le sentier de la croissance. Anne-Marie Idrac. On a été insuffisamment conscients de la rudesse de la concurrence des émergents. La France a encore beaucoup d'atouts à faire valoir, mais il faut adapter notre appareil exportateur à ce nouveau contexte, sachant que ces pays accueillent 30 % de nos exportations, dont 25 % s'inscrivent dans le cadre des grands contrats.Comment s'exprime cette concurrence ? Par des transferts de technologie ?Christine Lagarde. Oui, de plus en plus souvent, mais c'est tout notre environnement qui change : nous passons d'un monde dans lequel les entreprises exportaient des produits clefs en main à un monde nouveau, dans lequel l'objectif est de créer des partenariats. Nos entreprises s'adaptent et nous devons les accompagner dans cette mutation.Anne-Marie Idrac. Je suis confiante dans la capacité de nos entreprises à conserver une longueur d'avance sur leurs concurrentes. Une chose est sûre, les entreprises françaises sont très performantes sur les projets d'envergure. Je suis convaincue qu'elles sauront s'adapter en jouant la carte du partenariat avec les entreprises locales, en formant la main-d'oeuvre de ces pays par exemple.Quelles sont les mesures décidées ?Christine Lagarde. Nous avons mené depuis le début de l'année une réflexion stratégique en concertation étroite avec les entreprises. Ce qui en ressort, c'est qu'il faut renforcer le dialogue et la coordination entre l'État et les grandes entreprises dès la phase amont des négociations des grands contrats internationaux, pour identifier ceux qui ont une dimension stratégique et les accompagner avec des instruments de soutien public mieux adaptés. Anne-Marie Idrac. Dans des secteurs comme les transports, l'énergie et le développement urbain, nous sommes prêts à mobiliser nos outils de crédit export en faisant du sur-mesure : nous tiendrons compte non seulement du pourcentage de produits fabriqués en France comme c'est le cas aujourd'hui, mais aussi des retombées économiques directes et indirectes pour l'économie française et spécialement pour les PME, les flux d'exportations futures ou l'activité de R&D localisée sur notre territoire. La Commission interministérielle d'appui aux contrats internationaux (CIACI), créée en 2008, labellisera ces contrats stratégiques et décidera des modalités du soutien élargi qui leur sera accordé.Comment faire lorsque les entreprises chinoises, indiennes ou brésiliennes cassent les prix ?Anne-Marie Idrac. Ce qu'il faut, c'est valoriser les différences qualitatives. Nos entreprises respectent des standards élevés, il faut le faire savoir ! Pour cela, nous allons innover en contribuant au financement d'audits sociaux et environnementaux de grands projets internationaux. Face aux menaces de corruption, aux risques de pillage de la propriété intellectuelle, que peut faire la France ?Christine Lagarde. Dans le cadre du G20 et dans toutes les enceintes internationales, la France oeuvre pour que tous les pays aient les mêmes droits et les mêmes devoirs.Ces mesures peuvent-elles entrer en vigueur rapidement ?Anne-Marie Idrac. Tout à fait. La plupart sont de niveau réglementaire et pourront être mises en oeuvre d'ici la fin de l'année. Propos recueillis par Fabien Piliu
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