Adobe ne profite pas du traité de paix avec Apple

Les analystes qui, comme Trip Chowdhry chez Global Equities Research, espéraient un relèvement des objectifs financiers d'Adobe, en sont pour leurs frais. Lors de la publication, mardi soir, de ses résultats du troisième trimestre 2009-2010, l'éditeur américain de logiciels a averti que son chiffre d'affaires du quatrième trimestre (qui s'achèvera le 3 décembre) pourrait se limiter à 950 millions de dollars. Les analystes sondés par l'agence Bloomberg espéraient que le concepteur de Photoshop dépasse le milliard. Ni une ni deux, le cours d'Adobe chutait de 21 % mercredi, dans les échanges électroniques précédant l'ouverture de Wall Street.Il faut dire que la communauté financière imaginait de très belles perspectives pour Adobe depuis les récentes concessions faites par Apple. Après avoir expliqué dans une longue lettre publique que « les quelque 200.000 applications de l'Apple App Store prouvaient que des dizaines de milliers de développeurs n'avaient pas besoin du logiciel Flash d'Adobe pour créer des applications riches sur le plan graphique », Steve Jobs, patron d'Apple, sans nommer expressément Adobe ni Flash, avait décidé, il y a quinze jours, d'assouplir « toute restriction concernant les outils de développement utilisés pour créer les applications » destinées à l'iPhone et à l'iPad. En clair, les développeurs peuvent désormais utiliser Flash, qui permet de télécharger des vidéos et de jouer à des jeux sur Internet, pour développer des applications destinées aux appareils d'Apple, ce que la firme de Jobs leur interdisait jusqu'à présent. Les analystes avaient salué cette volte-face d'Apple, convaincus qu'elle allait doper les ventes de CS5, la cinquième version de Creative Suite, la suite logicielle d'Adobe comprenant entre autres Flash, Photoshop, Illustrator, lancée en avril. Trip Chowdhry, chez Global Equities Research, estimait même que CS5 allait ainsi devenir un « must have ». Mais il semble que ce soit trop tard. Depuis avril, nombre de développeurs d'applications pour l'iPad et l'iPhone ont pris l'habitude de travailler selon les standards d'Apple et ne vont donc pas retourner vers Flash. De fait, ce sont bien les ventes moins bonnes que prévu de CS5 - qui représentent la moitié de son chiffre d'affaires total - qu'Adobe a invoqué pour expliquer ses perspectives prudentes pour le quatrième trimestre.Incompatibilité subsistanteDe plus, si les développeurs ont à présent le droit d'utiliser Flash pour élaborer des « applis » pour Apple, les utilisateurs d'iPhone et d'iPad, eux, ne peuvent toujours pas télécharger sur le Web des vidéos ou des jeux utilisant Flash, les produits d'Apple n'étant toujours pas compatibles avec ce logiciel. Un manque à gagner considérable pour Adobe, compte tenu du succès de la tablette et du smartphone d'Apple.
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