Cameron vante l'Europe... adaptée aux besoins des entreprises

L\'Union Européenne demeure un bouc émissaire idéal pour tout gouvernement britannique conservateur en difficulté. En chute dans les sondages, David Cameron n\'a pas pu résister à cet outil bien trop irrésistible et a depuis un an pris le pas des eurosceptiques qui minent aujourd\'hui son parti. Rien dans l\'énoncé mercredi de sa stratégie européenne n\'a surpris, que ce soit dans le ton ou dans le contenu. A son habitude, le leader conservateur s\'est présenté en sauveur de citoyens désabusés par l\'institution européenne. Il a pour cela rabâché que le seul moyen de lutter face à la montée en puissance des puissances émergentes résidait dans l\'amélioration de la compétitivité et de la flexibilité d\'une Union Européenne affaiblie par son trop plein de bureaucratie et de législation sociales et environnementales.Au-delà du fait qu\'il paraît saugrenu de parler de compétitivité d\'un Etat, tant celui-ci diffère largement par sa fonction et son fonctionnement d\'une entreprise, David Cameron a repris les lignes directrices d\'un discours qu\'il avait effectué en juillet dernier pour justifier ses mesures d\'austérité. « Nous sommes actuellement dans une sorte de course mondiale, dont certains pays sortiront gagnant et d\'autres non, » avait-il assuré. « Dans ce monde très compétitif, ils faut savoir réduire ses dettes, réformer son système d\'assistance sociale, s\'assurer que l\'on peut payer pour ses retraites et que l\'on possède un secteur public adapté à ses capacités. Je suis certain que la Grande-Bretagne est un des pays qui possède la recette pour l\'emporter. »Une vision purement commerciale de la sociétéDerrière ces propos, proches de ceux prononcés hier, transparaît une vision purement commerciale de la société. Ce qui n\'est certes guère une surprise pour un parti entièrement conquis aux arguments et à la volonté des entreprises nationales, et qui aura notamment abaissé entre 2010 et 2014 le taux d\'imposition sur les bénéfices des entreprises de 28% à 21%. Mercredi matin, un haut responsable du ministère des Affaires étrangères désireux de rester anonyme nous a ainsi clairement précisé : « Nous allons regarder de près ce que les entreprises nous disent, ce qu\'elles veulent voir amender dans le traité européen actuel » avant de décider de la marche à suivre auprès de Bruxelles.La recette de David Cameron n\'a pourtant pas fonctionné sur son propre sol. Si les chiffres du chômage s\'avèrent en apparence positifs depuis deux mois, ils sont principalement alimentés par la hausse des emplois précaires, au premier rang desquels les emplois à temps partiel, qui concernent désormais 27,4% de la totalité des travailleurs. Et les perspectives ne s\'annoncent guère joyeuses : « L\'emploi, plutôt résistant jusqu\'à présent, devrait plonger cette année, » nous indique Vicky Redwood, économiste en charge du Royaume-Uni au centre d\'analyse économique Capital Economics. « Même si l\'économie devrait repartir légèrement en 2014, les restrictions budgétaires se poursuivront au moins jusqu\'à 2018, ce qui limitera toute amélioration. »Inquiétudes de la populationConcrètement, « l\'industrie périclite et les investissements se font attendre, en dehors de certains secteurs très particuliers, car les hommes d\'affaires n\'ont plus confiance. » Le principal frein à leur entrée dans l\'arène ? La morosité actuelle. La consommation n\'est pas florissante et les ventes réalisées pendant les fêtes de fin d\'année et le début des soldes n\'ont pas rendu le sourire aux commerçants et plusieurs enseignes spécialisés dans l\'électronique grand public et les divertissements (HMV, Jessops) ont été mise en redressement judiciaire ou ont fermé leurs portes. La faute sans aucun doute aux inquiétudes de la population, alimentées par l\'entrée en vigueur en janvier des premières réductions des allocations sociales (logement, enfant, handicapés, etc.). Il est dès lors plus aisé de comprendre pourquoi David Cameron recherche à affaiblir les normes environnementales et sociales européennes : si les Britanniques souffrent, il faut bien que les Européens souffrent également ! 
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.