Scandale sur le bradage des licences mobiles en Inde

TélécomsDu jamais-vu : le Central Bureau of Investigation, un équivalent de la brigade financière, a passé toute la journée de jeudi à perquisitionner le DoT (Department of Telecommunications). Objet du raid : enquêter sur de possibles man?uvres frauduleuses qui auraient permis à certains groupes d'acquérir en janvier 2008 des fréquences de téléphonie mobile à prix cassés.Depuis l'origine, les modalités de cette cession de fréquences par l'État suscitent bien des interrogations. En premier lieu, alors qu'il y avait près de 600 demandes pour 120 fréquences, le ministre des Télécoms, Andimuthu Raja, a choisi de procéder sur la base du « premier demandeur, premier servi ». En deuxième lieu, les fréquences ont été vendues à des prix déterminés en 2001, très en dessous des valeurs réelles. Résultat : les bénéficiaires de licences ont fait des affaires en or massif. Cela est apparu en pleine lumière quand deux d'entre eux, qui n'avaient pas encore commencé la moindre opération, ont fait entrer des partenaires étrangers. Swan Telecom a vendu 45 % de son capital à Etisalat, et Unitech Wireless 74 % du sien au norvégien Telenor sur des valorisations représentant environ six fois le prix payé pour la licence. Selon les estimations les plus conservatrices, la façon dont les fréquences ont été cédées aurait fait perdre à l'État indien l'équivalent de 3 milliards d'euros?soupçons de corruptionLe ministre des Télécoms a réfuté jeudi soir toute anomalie dans la vente des licences et a écarté l'idée d'une démission. Mais les soupçons de corruption autour de son administration sont insistants en Inde depuis longtemps.Le scandale ne va pas arranger le grand projet actuel du DoT : l'attribution des licences pour la 3G. Un dossier éminemment stratégique. La 3G va en effet être la clé du développement de l'accès à Internet dans un pays où le téléphone portable en est le véhicule privilégié. De nombreux opérateurs, indiens et étrangers, devraient être sur les rangs. Or, pour des raisons techniques, il y aura sans doute très peu de licences disponibles. Si bien que les enchères ? car cette fois l'attribution se fera bien sous forme d'enchères ! ? pourraient monter très haut. Dans un contexte de déficit budgétaire calamiteux, le gouvernement attend avec impatience cette opération qui pourrait faire entrer plus de 4 milliards d'euros dans les caisses. Mais le DoT ne cesse de repousser les échéances. Au point que le ministre des Finances vient de rappeler A. Raja à l'ordre, le mettant en demeure de réaliser les enchères avant la fin décembre.
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