Le procès Clearstream a tenu ses promesses

justiceAprès cent douze heures de débats, le procès Clearstream s'est achevé hier, vendredi, avec la belle plaidoirie de maître Iweins, qui a tenté de montrer que Gergorin, contre qui le procureur a requis trois ans de prison dont dix-huit mois ferme, la peine la plus lourde, a été manipulé par Lahoud. Malgré ses diplômes, malgré sa connaissance du monde des « services ». Ce procès a tenu sa promesse : il a été le champ clos d'un affrontement entre deux hommes, issus de la même matrice chiraquienne. Ce procès hors norme, qui devait juger une dénonciation calomnieuse appuyée sur la falsification de listings dérobés à la chambre de compensation Clearstream, s'est résumé en un duel inédit dans l'histoire de France entre un président, partie civile, et un ancien Premier ministre, accusé.Les deux hommes ont entraîné dans leurs camps respectifs les quatre autres accusés et les 38 parties civiles. Le 29 septembre, les avocats de Villepin assignent Sarkozy pour atteinte à la présomption d'innocence. Il a employé le mot de coupables à propos des prévenus. Le 22 octobre, les avocats de Gergorin demandent au tribunal de déclarer nulle toute la procédure. Sarkozy a employé le mot de coupable en parlant des prévenus.Alors que le président tente d'interrompre la plaidoirie au long cours de maître Metzner, l'avocat du président, pour lui rappeler le droit des autres parties civiles à s'exprimer, l'avocat d'EADS, largement victime dans cette affaire, se dresse pour affirmer qu'il se contentera de dix petites minutes, que maître Herzog peut prendre tout son temps.La justice a suivi cette pente politique. Le ministère public a consacré quasiment autant de temps à démontrer la culpabilité des quatre accusés mineurs qu'au seul Villepin. Bref, ce fut bloc contre bloc. Pas d'espace pour la pure recherche de la vérité. Éc?urée, l'éditrice Odile Jacob, citée dans les listings falsifiés, se retirera du dossier.lutte à mortCar c'est une lutte à mort qui est engagée entre les deux hommes, comme toutes celles nées dans la même famille. Sarkozy prépare son croc de boucher judiciaire. Villepin fourbit le sien. Il sera électoral. Un de ses derniers grognards, le député UMP Goulard, le pousse publiquement à se présenter à l'élection présidentielle de 2012. De quoi prendre 3 à 4 % à Sarkozy et le conduire à la défaite. Mais avant, le tribunal doit rendre son jugement, le 28 janvier 2010. Pour conserver des armes, Villepin ne devra pas être condamné. Et conserver ses droits civiques, celui de voter et d'être élu. Pascal Jungh
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