Le Portugal tente timidement de sortir du "tout austérité"

Le gouvernement portugais a pris au pied de la lettre les propos de José Manuel Barroso sur les limites atteintes lundi par la politique d’austérité. Mardi, Lisbonne a annoncé la mise en place d’un plan de relance économique centré sur les PME. Concrètement, l’Etat va mettre en 2013 à disposition des entreprises du pays 1 milliard d’euros sous forme de prêts de la Caisse générale des dépôts, équivalent lusitanien de la Caisse des dépôts et consignations. En 2014, 2,5 milliards d’euros seront ainsi débloqués. Par ailleurs, l’impôt sur les entreprises sera allégé, mais pas immédiatement. Enfin, une banque de développement est en projet.Répondre aux maux de l’économie portugaiseCe plan est certes bien modeste. Il entend cependant répondre à certains maux de l’économie portugaise qui subit actuellement une sévère récession (le gouvernement attend un recul de 2,3 % du PIB du pays cette année) : la faiblesse extrême de la demande intérieure et le manque d’accès au crédit des PME. Avec ces prêts bonifiés et la baisse de la charge fiscale, Lisbonne espère favoriser l’investissement. Et faire ainsi repartir un moteur important de l’économie portugaise.Un nouveau plan de rigueur à venirL’efficacité économique de ce plan devra encore être démontrée. La somme mise à disposition en 2013 est assez faible, les conditions d’attribution sont imprécises et le calendrier de la baisse des impôts demeure incertain. Surtout, dans les prochains jours, Lisbonne va encore annoncer un nouveau tour de vis budgétaire pour compenser, à la demande expresse de Bruxelles et du MES, les 1,3 milliard d’euros de réductions de dépenses gelées par la Cour constitutionnelle fin mars. Les secteurs sensibles de la santé, de l’éducation et des assurances sociales devraient être touchés. Leur effet récessif devrait être important sur une consommation déjà fortement en recul. Autrement dit, il n’est pas certain que les effets du premier plan permettent de compenser ceux du second.Un symbole lourd de sensIl n’empêche. Lisbonne, qui cherche tant à apparaître aux yeux de tous comme un élève modèle et qui vise un retour sur les marchés le plus rapidement possible, a envoyé un message clair : il n’est plus possible de mener seulement une politique de réduction du déficit budgétaire sans se soucier de ses conséquences. Il faut rééquilibrer le cours de la politique économique. Il est vrai que le mécontentement vis-à-vis de la politique du gouvernement portugais a donné lieu à des manifestations monstres et que le risque d’une explosion sociale est considérable dans ce pays où le taux de chômage frôle les 18 % C’est un coup de canif supplémentaire dans la doctrine économique défendue par Berlin selon laquelle l’arbitrage entre croissance et austérité est une « sottise. » Le symbole est lourd de sens.  
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