L'irruption de LVMH relance les spéculations sur l'avenir d'Hermès

C'est un coup de tonnerre dans l'univers très feutré du luxe. Le numéro un mondial, LVMH, a annoncé samedi détenir 14,2 % du capital d'Hermès Internationalational. Et ce, sans compter les « instruments dérivés » en sa possession, qui doivent permettre au groupe de Bernard Arnault de monter à 17,1 %. « L'objectif de LVMH est d'être un actionnaire à long terme d'Hermès, et de contribuer à la préservation du caractère familial et français [...] de la marque. [...] LVMH n'a pas l'intention de lancer une OPA, ou de solliciter une représentation au conseil de surveillance », précise le communiqué. Une tonalité rassurante qui contraste avec la soudaineté de l'annonce. « On entendait depuis longtemps des bruits en ce sens, mais ça reste une grosse surprise » confirme Christian Blanckaert, ex-directeur général d'Hermès Internationalational.De fait, la cible constitue l'une des dernières maisons indépendantes du secteur. Coté en Bourse depuis 1993, Hermès (1,9 milliard d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier) présente un flottant réduit, de l'ordre de 30 %. Ce profil atypique a de longue date alimenté les rumeurs sur une sortie de la cote ou une cession. Des spéculations relancées par le décès en mai dernier de Jean-Louis Dumas, dernier représentant des familles à diriger le groupe, et qui n'ont jamais vraiment cessé depuis, si l'on en croit l'envolée récente du titre (lire ci-dessous). Mais avec 70 % du capital contrôlé - selon des accords aussi complexes qu'opaques - par les familles Dumas, Puech et Guerrand, et une structure de société en commandite par actions, Hermès n'est techniquement pas opéable.Manoeuvre défensiveDès lors, que compte faire LVMH ? « Depuis quelque temps, des blocs d'actions circulaient sur le marché. LVMH ne voulait pas prendre le risque qu'un autre groupe industriel, comme Richemont, monte au capital et le verrouille. Il s'agit d'une manoeuvre défensive », assure un proche du dossier. L'intérêt industriel de l'opération ne fait cependant guère de doute, sur un marché du luxe en plein rebond grâce aux pays émergents. Au premier semestre, le résultat net de LVMH a bondi de 53 %. Son cash-flow disponible est passé de 809 millions à 1,14 milliard d'euros.« Si l'on exclut Cartier [propriété de Richemont, Ndlr] et Chanel, qui n'est pas sur le marché, Hermès est la cible idéale pour LVMH», assure un analyste. D'autant que l'opération se serait faite à bon compte. LVMH évoque un coût de revient de 1,45 milliard d'euros, soit un prix moyen d'environ 80 euros par titre, moitié moins que sa valeur en Bourse. Un prix obtenu, à en croire les proches du groupe, via des instruments dérivés détenus de longue date par LVMH. L'opération est donc mûrement orchestrée. Quelle sera la réaction des familles ? Le fait même que LVMH ait pu se renforcer en rachetant des blocs crédibilise les rumeurs de dissensions entre les nombreux représentants de la sixième génération de propriétaires.
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