Le stockage de CO2 entre espoirs et doutes

En 2030, gaz et charbon devraient encore peser 60 % de la production d'électricité et le charbon représenter 75 % des émissions de CO2 selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le seul moyen de limiter vraiment ces émissions consiste donc à rendre « propre » l'électricité produite à partir de charbon. Outre une meilleure efficacité des centrales, le captage et stockage du CO2 (CSC) apparaît comme la solution la plus drastique. Il s'agit de séparer le CO2 des autres gaz dans lesquels il est dilué, avant, pendant ou après sa combustion ; puis de le transporter par pipelines ou bateaux, avant de l'injecter sous terre pour l'y stocker. Toutes choses déjà expérimentées, parfois de longue date. « Au moins un procédé de séparation des gaz existe depuis 1950 », indique ainsi Denis Clodic, responsable du Centre énergétique et procédés Paris (CEP), de Mines ParisTech et membre du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec). Le stockage peut se faire dans des gisements d'hydrocarbures épuisés, des veines de charbon inexploitables et des aquifères salins profonds. Même le transport terrestre, semblable à celui du gaz, se pratique depuis des années.Le CSC s'applique à tous les sites d'émissions concentrées tels que les cimenteries et les hauts-fourneaux de la sidérurgie. Selon le BCG, équiper les 250 sites les plus émetteurs réduirait les émissions globales de 25 %, une proportion qui atteindrait 50 % avec 1.000 sites équipés.Les centrales au charbon constituant l'essentiel de ces sites, on ne s'étonne pas de trouver le français Alstom Power à la pointe du CSC adapté à ces centrales. « Nous pensons qu'une part importante du problème concerne le parc de centrales existantes. C'est pourquoi nous privilégions stratégiquement la postcombustion et l'oxy-combustion plutôt que la précombustion, qui ne fonctionne que sur le neuf », explique son président Philippe Joubert, qui garde aussi en point de mire l'adaptabilité de ses solutions au parc asiatique en forte croissance. La compétition fait rage sur le captage et une véritable course de vitesse s'est enclenchée. « Il faut compter deux ans de recherche pour un projet et encore deux ans pour construire un pilote », précise Philippe Joubert, qui savoure une avance certaine.Pour les experts, la sécurité n'est pas un réel souci, même si les pouvoirs publics devront faire ?uvre de pédagogie pour répondre aux craintes de la population. C'est plutôt la rentabilité de la technique, fonction des économies d'échelle mais surtout du prix du carbone, qui fait débat. Un cadre juridique clair faisant porter l'obligation du captage sur les émetteurs, ainsi que le développement d'un réseau de transport sont des prérequis à un déploiement massif. Les coûts, variables selon les techniques, se situent aujourd'hui en moyenne à 100 euros par tonne, dont 70 euros correspondent au captage. Pour le BCG, un cours du carbone de 30 euros en 2030 suffirait à rendre le CSC rentable. Une fois de plus, c'est donc de l'attribution d'un prix à la tonne de CO2 émise, de sa stabilité et de sa visibilité dans le temps, que dépendra l'avenir de cette technologie. nNous pensons qu'une part importante du problème concerne le parc de centrales existantes, et privilégions des solutions adaptées à ce parc. »philippe joubert, président d'alstom powerUn procédé de séparation des gaz par amine utilisé depuis 1950 permet aujourd'hui le captage de CO2. »denis clodic, de mines paristech et membre du giec
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