L'ingénierie du BTP en pleine restructuration

Mais qu'ont-ils donc tous à fusionner? En neuf mois, pas moins de trois opérations différentes ont été annoncées dans l'ingénierie du BTP. Un secteur mal connu, mais qui pèse pourtant en France, selon Syntec-Ingénierie, près de 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires et emploie près de 130.000 personnes. En octobre, Egis, la filiale ingénierie et conseil dans les infrastructures de la Caisse des dépôts, a ainsi pris 34% de Iosis, un de ses alter ego en France dans le bâtiment et le génie civil industriel. Puis, en mars, a été finalisée la fusion des sociétés d'ingénierie Coteba (bâtiment) et Sogreah (eau et environnement), donnant naissance à Artelia. Enfin, le 17 juin, le néerlandais Grontmij a annoncé son rapprochement avec le français Ginger pour créer le « quatrième acteur européen » avec 11.000 collaborateurs, un chiffre d'affaires combiné de 1,1 milliard d'euros et un excédent brut d'exploitation de 77 millions. Retard sur les Anglo-SaxonsPourquoi cette effervescence? « La France avait pris un certain retard par rapport aux Anglo-Saxons comme Atkins, aux Américains comme Jacobs, ou au canadien SNC Lavallin », analyse Alain Bentéjac, président de Syntec-Ingénierie et coprésident d'Artelia. « Sur le marché international, les sociétés d'ingénierie française se retrouvaient hors compétition dans certains grands projets. » « Il faut que notre champ d'intervention soit l'Europe, alors que nous sommes appelés à traiter des marchés de plus en plus importants », renchérit Jean-Luc Schnoebelen, le président du directoire de Ginger.Ce dernier regrette que la Caisse des dépôts, qu'il avait sollicitée, n'ait pas accepté d'être le fédérateur de l'ingénierie du BTP en France « sachant que, lorsque cette dernière réalise 1 euro de chiffre d'affaires, elle en génère ensuite 30 à 40 pour l'industrie du BTP ». Projets de plus en plus complexesL'ampleur des projets, de plus en plus complexes et nécessitant des compétences pluridisciplinaires, pousse aussi à cette consolidation. Tout comme le leadership souvent tenu par Vinci ou Bouygues dans les partenariats public-privé ou dans les projets jumelant conception et réalisation. Une vraie mutation car, auparavant, les clients des sociétés d'ingénierie étaient plutôt l'État et les collectivités locales. Au demeurant, cette diversification des activités devrait aider les sociétés d'ingénierie à mieux absorber les à-coups du marché.
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