Tests de résistance  : au-delà de l'effet d'annonce

La publication des tests de résistance a sans doute apporté aux marchés autant de questions que de réponses. Les 3,5 milliards d'euros de recapitalisation demandés au système bancaire européen paraissent ridicules au regard des 236 milliards déjà rassemblés par les établissements financiers pour renforcer leurs fonds propres d'octobre 2008 à mai 2010. Ils accréditent l'idée de tests calibrés pour qu'un maximum de banques les réussissent. Et, de fait, sept établissements seulement en Europe ont été recalés.Mais si, pour l'instant, le scepticisme domine, les investisseurs reconnaissent au moins une vertu à l'exercice : celle de leur fournir une information extrêmement détaillée sur 91 banques européennes (contre 19 lors des « stress tests » américains en 2009). Les scénarios macroéconomiques retenus sont généralement jugés suffisamment sévères. De plus, pour prendre en compte le risque souverain, les régulateurs ont artificiellement renforcé la probabilité de défaut des crédits privés détenus dans les portefeuilles bancaires. Reste un certain nombre d'interrogations... ? A-t-on placé la barre assez haut ?Pour les marchés, comme pour les régulateurs, le « bon » niveau de Tier 1 se situe plus autour de 8 % que de 6 %. Mais à ce niveau, ce ne sont plus 7 établissements bancaires qu'il aurait fallu recapitaliser mais 39 ! Sans aller jusque là, 17 établissements ont un Tier 1 compris entre 6 et 7 % dans le scénario le plus sévère. Une chose est sûre : les investisseurs feront la différence entre ceux qui ont passé le test haut la main et les autres. En Grèce, la Banque du Pirée est dans ce dernier cas. Un journal grec rapportait samedi qu'elle envisageait de réaliser une augmentation de capital de plus de 1 milliard d'euros afin de financer la prise de contrôle d'ATEbank et d'Hellenic Postbank. En Espagne, huit petites banques sont concernées. De même que Monte dei Paschi di Siena et UBI Banca, en Italie, Norddeutsche Landesbank et Deutsche Postbank en Allemagne, ou Allied Irish Banks (AIB) en Irlande. ? Les résultats sont-ils comparables d'un pays à un autre ?Si le ratio de fonds propres Tier 1 a été retenu pour juger de la solidité des banques, de préférence au core Tier 1, privilégié par les marchés depuis la crise de 2008, il n'en est pas pour autant défini de la même façon partout. Ainsi, dans certains pays, les titres hybrides sont pris en compte dans le calcul du ratio de fonds propres Tier 1, tandis que dans d'autres en sont exclus. ? Fallait-il mettre à l'épreuve les emprunts d'Etat des portefeuilles bancaires ?Dans le scénario le plus dur, une décote est appliquée aux emprunts d'Etat détenus dans les portefeuilles de négociation (« trading book »), mais pas à ceux des portefeuilles bancaires (« banking book »), pourtant d'une autre ampleur. Les quatre banques françaises détiennent par exemple 43 milliards d'euros de dette souveraine dans leurs portefeuilles de négociation et 197 milliards dans leurs portefeuilles bancaires. La raison ? Les banques conservent les titres détenus dans leur « banking book » jusqu'à leur échéance. À moins d'un défaut, ils n'auront pas à enregistrer de perte. Or par définition, l'hypothèse d'un défaut ne peut être posée puisque l'Europe et le FMI viennent de mettre en place un fonds de sauvetage de 750 milliards d'euros.En contrepartie, les banques ont fourni des informations très détaillées sur leur niveau d'exposition aux différentes dettes souveraines. Au 31 mars, l'exposition brute de BNP Paribas à la dette italienne ressort ainsi à 23 milliards d'euros et celle du Crédit Agricolegricole à 12 milliards.
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