La faible demande française empêche une reprise forte

Un été pourri ? On peut le craindre, à la lecture des chiffres publiés vendredi par l'Insee. En effet, si l'enquête trimestrielle de conjoncture dans l'industrie fait état d'un redressement de l'activité au deuxième trimestre, les perspectives sont pessimistes pour le prochain. En cause, la faiblesse de la demande intérieure et étrangère.En France, plusieurs éléments expliquent cette faiblesse, déjà constatée au premier semestre. En juin, les dépenses des ménages en produits manufacturés ont cédé 1,4 % et 0,9 % sur l'ensemble du trimestre. Ce repli intervient après la chute de 1,9 % observée entre janvier et mars. La peur du chômage alimente en grande partie cette frilosité qu'éprouvent les Français à dégainer leurs cartes de crédit. Selon le consensus des économistes, le taux de chômage - actuellement de 9,9 % - ne baisserait pas prochainement en raison de l'absence de franche reprise de l'activité. Il grimperait au contraire à 10,2 % en 2011, selon Mathilde Lemoine (HSBC France). Également en cause, le tassement du pouvoir d'achat lié à un rebond de l'inflation. Celui-ci n'augmenterait que de 1,1 % cette année après avoir progressé de 1,6 % en 2009. Selon l'Insee, l'indice des prix à la consommation augmenterait de 1,3 % après un recul de 0,6 % en 2009.La fin des stabilisateurs automatiques, qui ont permis à la consommation de résister en 2009, doit également être signalée (lire encadré). L'an dernier, malgré la tempête, les consommateurs français avaient continué à un rythme accru leurs emplettes (+ 0,7 %, après + 0,5 % en 2008). Enfin, le retour de la rigueur, officiellement annoncée par François Fillon, n'est pas de nature à réchauffer ce climat de morosité, car, dans l'esprit de beaucoup de Français, rigueur et hausse des impôts vont souvent de pair. De quoi les inciter à jouer les fourmis.Or le relais de croissance ne viendra pas de la demande étrangère. Parce que la zone euro, qui absorbe les deux tiers de nos exportations, peine à sortir de la crise, les entreprises tricolores souffrent. Certes, la réorientation géographique de nos échanges commerciaux vers les émergents en forte croissance est en marche, stimulée par le recul de l'euro face au dollar. Mais cette diversification n'est pas encore assez forte pour tirer la croissance.L'été sera donc marqué par un grand point d'interrogation sur la reprise. L'annonce à la mi-août du chiffre de la croissance française au deuxième trimestre devrait apporter un début de réponse. Mais comme le relève Jacky Lintignat, directeur général de KPMG, « la crise a fortement traumatisé les chefs d'entreprises. Bien que les chiffres d'affaires ne se soient pas écroulés, les incertitudes sont si fortes qu'ils ne peuvent envisager l'avenir en toute sérénit頻.
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