Les Allemands redoutent toujours de passer à la caisse

Au lendemain de l'accord de Bruxelles, les réactions outre-Rhin étaient assez prudentes et partagées. Beaucoup d'observateurs louaient ainsi l'affirmation de la puissance d'Angela Merkel sur la scène européenne. Pour la Neue Osnabrücker Zeitung, « le nouveau ton ferme de la chancelière a pu surprendre ses partenaires européens, mais désormais ils savent que, sans elle, rien ne peut être fait ». La Neue Presse de Hanovre estime également que « si certains prétendent que la position dure d'Angela Merkel a mis en danger l'euro, c'est en réalité l'inverse qui est vrai ». Selon le quotidien, une position plus conciliante aurait fait du pacte de stabilité « une farce » et de l'euro « un chiffe molle sur le marché des changes ». Pour la Rheinische Post de Düsseldorf, ce sommet européen marque les vrais débuts de la « chancelière de fer ». Mais cette victoire risque d'être « amère », souligne le Handelsblatt, quotidien partenaire de La Tribune. « Pour parvenir à la victoire, la chancelière de fer a dû casser pas mal de porcelaine », explique le quotidien économique qui rappelle qu'Angela Merkel s'est mis pas mal d'Européens à dos, y compris à la tête de la BCE, en exigeant l'intervention du Fonds monétaire international (FMI). « Où trouvera-t-on désormais une majorité pour avoir un président allemand à la BCE ? », s'inquiète l'éditorialiste du Handelsblatt qui estime qu'après cette « bataille », « les espoirs d'un nouveau consensus européens sont bien faibles ». « Les Grecs vont-ils nous laisser tranquilles ? »Les soucis du Handelsblatt sont, il faut bien le dire, assez peu répandus. La question qui se posait surtout vendredi concernaient le montant de la « facture » pour l'Allemagne et le risque de voir d'autres pays réclamer des fonds à Berlin à l'avenir. « Les Grecs vont-ils à présent nous laisser tranquilles ? », s'interrogeait ainsi le site Internet de la Bild Zeitung qui réclamait par ailleurs « les conditions les plus strictes, plus strictes encore que celles du FMI » pour une aide à la Grèce de la part des pays de la zone euro. Plusieurs quotidiens et économistes calculaient que l'Allemagne pourrait être contrainte de verser 4 milliards d'euros. « Cela coûtera très cher à notre pays et nous forcera à réaliser encore plus d'économies », se plaignait Dennis Snower, le président de l'institut IfW de Kiel. Mais outre-Rhin on redoute surtout que l'accord de principe sur l'aide à la Grèce ne provoque un appel d'air. « C'est un pas en avant vers une Union basée sur les transferts qui affaiblit l'intérêt pour les pays à problème à régler leurs difficultés par leurs propres moyens », s'alarmait ainsi Jörg Kräme, économiste chez Commerzbank. Ralf Umlauf, son collègue de la Helaba estime d'ailleurs que cette aide ne peut apporter qu'une « respiration de courte durée » à la Grèce. Aussi, un député du parti d'Angela Merkel, Michael Stübgen, exige d'ores et déjà que ce plan d'urgence soit « une exception ».
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