Alerte météo sur le blé et le maïs

Les Américains appellent ça le « weather market ». Sur le blé et le maïs, deux céréales dont les stocks sont restreints au niveau mondial, les traders achètent ou vendent en fonction des bulletins météorologiques. En l'occurrence, ils achètent, car faute de pluies suffisantes, les récoltes européennes de blé et de maïs risquent d'être modestes. Le cours du blé à Paris a touché, ce mardi, un plus-haut depuis deux mois, à 255,50 euros par tonne pour l'échéance de mai. Le manque d'eau devient criant en Europe du Nord, ces dernières semaines. « Les précipitations s'élèvent à seulement un quart des volumes habituels à cette époque. S'ajoutent à cela des températures supérieures de + 3 °C à + 5 °C aux normales de saison », précise la société de conseil Agritel, qui évoque mardi dans sa lettre hebdomadaire une « alerte météo ». En France, ce sont les plaines de la Beauce, mais aussi la Sarthe et la région Île-de-France, qui sont le plus affectées par ce stress hydrique. Le manque d'eau est particulièrement dommageable aux semis de printemps, dont le maïs fait partie, comme le tournesol ou certains orges. Stocks historiquement basPour le blé, « on risque d'avoir une régression de talles », assure Benoît Labouille, expert chez Offre & Demande Agricole. Le tallage représente le dédoublement des plants de blé, qui permet de multiplier le nombre d'épis par plant. En cas de manque d'eau, le nombre d'épis se réduit et les rendements baissent. « Ce qui est sûr, c'est qu'on ne se dirige pas vers un record. En revanche, il est compliqué d'estimer l'impact sur la production de blé », explique Benoît Labouille. Hors de France, les blés allemands souffrent du même problème. Et aux États-Unis, les conditions météo ne sont pas non plus très favorables : seulement 36 % des semis de blé sont jugés excellents, ce qui est un niveau très faible pour cette période de l'année. La progression des cours est accentuée par des stocks historiquement bas. En France, ils devraient tomber à seulement 20 jours de consommation en juin selon Agritel. Au niveau européen, le stock représentera 30 jours de consommation, soit 12,5 millions de tonnes, ce qui est également très faible.Pour le maïs, dont les stocks sont à un niveau critique, avec seulement 18 jours de consommation disponibles aux États-Unis, premier pays producteur, l'inquiétude des traders se manifeste également sur les cours. À Paris, le maïs cotait mardi 240,50 euros par tonne, à seulement 1 euro de son record de février dernier. Le courtier Commerzbank a relevé, hier, sa prévision de prix pour le boisseau de maïs, qui devrait atteindre 7,30 dollars contre 6,80 dollars aujourd'hui. Outre-Atlantique, ce n'est pas la sécheresse qui pose problème au maïs, mais l'excès d'eau. Alors que les terres sont encore gorgées d'eau par le dégel tardif, des pluies abondantes retardent les semis, qui sont nettement inférieurs à la moyenne des cinq dernières années selon l'USDA.
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