La stratégie risquée de l'éternel retour pour 2012

Avec le printemps, les appels fleurissent comme des jonquilles. Après le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, qui demandait la semaine dernière à Dominique Strauss-Kahn (DSK) de renoncer aux « délices de Capoue » à Washington, après Pierre Moscovici, qui jugeait vendredi « naturelle » la candidature du directeur général du Fonds monétaire international (FMI) à l'élection présidentielle de 2012, ajoutant même « ne pas en voir d'autre », c'est François Patriat, président PS de la région Bourgogne, qui lance un appel en faveur de DSK dans une tribune publiée mardi sur le site Internet de « L'Express ». Pour le sénateur de Côte-d'Or, l'ancien ministre de l'Économie « est en mesure de porter un projet véritablement réformiste, économiquement plus efficace et socialement plus juste ». Et François Patriat pose cette question : « La gauche française prendra-t-elle le risque de se priver de son talent ? »Exilé prestigieux depuis trois ans, Dominique Strauss-Kahn continue de trôner en tête des présidentiables du PS dans les sondages. Mais il est désormais sérieusement concurrencé par Martine Aubry, qu'avec Laurent Fabius il a portée à la direction du PS en novembre 2008. L'adversaire qu'il s'agissait alors de terrasser était Ségolène Royal, qui avait humilié les deux anciens ministres de l'Économie lors des primaires de 2006 pour la désignation du candidat PS à la présidentielle de 2007.Quatre ans plus tard, Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry et Laurent Fabius ont conclu un pacte. Mais c'est surtout Laurent Fabius qui en parle, pour jurer, la main sur le coeur, qu'un seul d'entre eux sera candidat aux primaires qui devraient départager les présidentiables socialistes à l'automne 2011. Il s'agit de se prémunir de Ségolène Royal, toujours, mais aussi de rivaux plus inattendus, comme François Hollande, l'ex-patron du PS, qui, déjà, conteste le calendrier choisi pour la compétition interne, le jugeant trop tardif.Interrogé lundi sur Europe 1, le député strauss-kahnien Jean- Marie Le Guen a assuré que le calendrier retenu par le PS concordait tout à fait avec celui de DSK, dont le mandat au FMI court jusqu'en octobre 2012, soit cinq mois après la présidentielle française. « Cette situation, loin de le défavoriser, le protège car cela lui permet de mûrir une réflexion sur la situation française », a expliqué son lieutenant. Pour Dominique Strauss-Kahn, la « fenêtre de tir » pourrait judicieusement s'ouvrir au printemps 2011 lorsque s'achèvera la présidence française du G20.Les appels lancés depuis ces derniers jours sont toutefois le signe de la nervosité croissante du camp strauss-kahnien au fur et à mesure que s'affine et s'affirme la stature présidentielle de Martine Aubry. Même si l'entourage du patron du FMI indique n'avoir suscité en rien ces manifestations d'enthousiasme.« dérive droitière » Sortie renforcée du test électoral des régionales de mars, la première secrétaire du PS pilote la réflexion sur le projet présidentiel de son parti et a entamé une série de voyages à l'étranger, outils indispensables pour tout candidat à l'élection majeure. « Nul ne croit que le pacte DSK-Martine tiendra s'ils sont tous deux à égalité de popularité au printemps 2011 », pronostique un élu du parti.Dominique Strauss-Kahn ayant préempté depuis longtemps la posture du socialiste réformiste et moderne, au risque de se voir taxer de « dérive droitière », Martine Aubry a opéré un subtil virage sur l'aile gauche. Ils ne sont pas encore rivaux mais s'y préparent, sans le dire. Hélène Fontanaud
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