Les recettes de Tata pour redresser Jaguar et Land Rover

Chez Ford, on sourit un peu jaune. Le constructeur indien Tata Motors est parvenu à sortir du rouge sa division Jaguar-Land Rover, reprise à l'américain, en 2008, pour 2 milliards d'euros. Désormais dirigée par Carl-Peter Forster, ancien dirigeant de GM Europe, la branche regroupant les deux firmes anglaises de haut de gamme a en effet affiché un petit profit avant impôt de 32 millions de livres (37 millions d'euros) sur l'exercice fiscal 2009-2010 (clos fin mars). Jaguar-Land Rover avait en fait renoué avec les bénéfices dès le troisième trimestre fiscal, avec un bénéfice de 70 millions d'euros.Nouveaux modèlesComment ce retournement a-t-il été possible?? D'abord, Jaguar-Land Rover profite des nouveaux modèles, concoctés sous l'ère Ford, comme la Jaguar XF et la limousine XJ. Le groupe indien est aussi favorisé par la reprise des ventes de 4X4, spécialité traditionnelle de Land Rover. Les ventes ont atteint 193.982 véhicules sur l'exercice, mais Tata ne donne pas les chiffres de la période de référence en 2008-2009. Ce score reste, certes, loin de celui des années records, quand Land Rover tout seul atteignait ce chiffre. Il n'empêche, les ventes semblent reparties. Elles ont encore augmenté de 61 % au mois d'avril, à 17.909 unités. Si Jaguar est resté quasi stable, Land Rover a fait un bond de 89 %, à 14.350 unités.Réduction des coûtsOutre cette reprise des ventes, l'assainissement financier est aussi à mettre au crédit d'une réduction sérieuse des coûts, avec une gestion extrêmement rigoureuse. 2.200 emplois ont été supprimés.Toutefois, la reprise amène Tata à desserrer un peu les cordons de la bourse. Land Rover a ainsi annoncé début mai qu'il allait recréer 275 emplois sur son site de Solihull, dans le centre de la Grande-Bretagne, pour faire face à la demande. Par ailleurs, l'actionnaire indien pourrait renoncer à fermer l'une de ses trois usines britanniques, selon la presse d'outre-Manche. Et ce, contrairement à ce qu'il avait annoncé l'an dernier.Un travail d'assainissementL'ensemble Jaguar-Land Rover reste encore disparate. Si Land Rover a essentiellement plongé à cause de la crise, il a toujours été considéré comme une entreprise structurellement rentable. Ce qui n'est pas le cas de Jaguar, qui a cumulé les pertes. Ce dernier a en effet échoué dans les années 2000 à atteindre 200.000 ventes annuelles, à cause notamment de l'insuccès de sa descente en gamme. Toutefois, il faut mettre au crédit de l'ancien actionnaire, Ford, un véritable travail d'assainissement, qui porte aussi ses fruits... sous la houlette de Tata. Le groupe de Detroit a en effet renouvelé les gammes, amélioré grandement la qualité, la fiabilité, et modernisé largement un outil industriel longtemps obsolète.Le chantier du C02Jaguar-Land Rover doit aujourd'hui diversifier ses débouchés géographiques, s'implanter en Inde, et se développer fortement sur les marchés émergents porteurs comme la Chine. Il doit aussi réduire impérativement la consommation de ses véhicules et leur émission de CO2. Jaguar-Land Rover vient d'obtenir à cet effet un prêt de 340 millions de livres (385 millions d'euros), sur huit ans, de la Banque européenne d'investissement (BEI). Les fonds seront notamment destinés à financer le développement de nouvelles propulsions hybrides et électriques et des carrosseries plus légères. Land Rover doit ainsi présenter prochainement un 4X4 plus petit et moins vorace.Le groupe Tata Motors dans son ensemble a affiché un bénéfice net annuel de 25,7 milliards de roupies (450 millions d'euros environ), contre une perte de 25 milliards pour l'exercice précédent.
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