« Rien ne justifie que des locataires très fortunés soient maintenus en HLM »

STRONG>Thierry Repentin Président de l'Union sociale pour l'habitatComment expliquer que les HLM hébergent 10 % des ménages les plus riches de France ? Cet état de fait est souvent le fruit d'une situation ancienne : des personnes ont intégré les HLM à un moment où leurs revenus étaient bien moins élevés. Or la loi pose comme principe le maintien dans le logement social. Les locataires riches ne pèsent, en outre, que 1 % des 4,3 millions de locataires HLM : il s'agit de situations anecdotiques. En outre, loin de s'être embourgeoisé, le parc social se paupérise. Les derniers chiffres qui remontent à 2006 montrent que 40 % des locataires du parc social ont un revenu inférieur à 1.200 euros par mois, contre 12 % en 1973. A l'inverse, la part des familles disposant de plus de 3.200 euros par mois est passée de 24 % à 7,7 %. La tendance récente accentue cette évolution. Pour autant, rien ne justifie que les locataires très riches soient maintenus en HLM. Il ne faut pas laisser perdurer ces situations. En Ile-de-France, où la situation du logement est très tendue, 207.000 ménages aisés au sens large habitent en HLM... La loi et les ministres de la Ville successifs ont toujours plaidé pour que les personnes qui dépassent les plafonds de ressources soient maintenues en HLM dans les zones urbaines sensibles pour garder un semblant de mixité sociale. A Paris, la présence de nombreux locataires aisés en HLM tient aussi au fait que la capitale connaît une envolée des prix immobiliers, bien supérieure au niveau de vie de nos concitoyens.Quelle est votre marge de manoeuvre pour remettre en cause le droit au bail des locataires aisés ?Nous faisons et ferons tout ce que la loi nous permet, sachant que 1,2 million de ménages pauvres ou modestes sont sur liste d'attente pour entrer dans le parc social. La loi de mobilisation et de lutte contre l'exclusion rend automatique l'application d'un surloyer de solidarité (SLS) en HLM dès que les plafonds de revenus ont été dépassés de 20 %. Mais ce dispositif n'est pas assez dissuasif pour les plus riches, car la loi de mobilisation pour le logement du 25 mars 2009 a introduit un plafond du SLS pour ces catégories les plus aisées. Ainsi, une famille qui dispose de plus de 10.000 euros de revenus ne peut pas acquitter un total (loyer plus sur-loyer) dépassant de plus de 25 % ses revenus. Mais, un nouvel outil nous permet de transformer le bail des locataires dont les revenus atteignent le double des plafonds d'accès au logement social en un bail de trois ans pour les obliger à quitter les lieux. Nous n'avons toutefois pas encore le recul nécessaire pour en apprécier l'efficacité. Propos recueillis par Sophie Sanchez
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