Gemalto entre en force dans les objets connectés

Olivier Piou, le directeur général de Gemalto, est opiniâtre. Un peu plus d'un an après avoir renoncé à son OPA hostile sur Wavecom, le numéro un mondial des cartes à puce parvient, grâce à l'acquisition de l'allemand Cinterion, à mettre un pied sur le marché des modules de communication entre machines (Machine to machine, MtoM). Ces composants permettent par exemple de relever à distance, via un réseau de téléphonie mobile, les compteurs d'électricité ou de collecter un droit de péage dès qu'un camion franchit une frontière. Gemalto avait déjà regardé le dossier Cinterion en 2008, lors de sa mise en vente par Siemens. Mais le groupe n'avait pas voulu surenchérir sur la proposition faite alors par un consortium de fonds d'investissement.Source de croissance« Nous avons du cash [380 millions d'euros fin 2009, Ndlr], nous avons donc saisi au bond cette nouvelle occasion », explique Olivier Piou. Car selon le directeur général de Gemalto, le groupe ne pouvait pas pénétrer seul le marché du MtoM. « Nos clients sont les opérateurs de téléphonie mobile, auxquels nous fournissons des cartes SIM et des services, pas les industriels. À l'inverse, Cinterion travaille avec ces groupes, dès la conception des machines, pour intégrer ses composants de communication », détaille-t-il. Cette opération, la plus grosse acquisition pour le groupe de cartes à puce, doit donc permettre à Gemalto de proposer une solution complète et de faire du MtoM une nouvelle branche en croissance et profitable, aux côtés des cartes pour les télécoms, pour les banques ou pour les institutions (passeports...). En 2013, la direction de Gemalto estime que les modules et les services liés au MtoM génèreront un résultat opérationnel de 20 millions d'euros, soit 7 % du total du groupe.Le marché du MtoM est encore naissant, quelques centaines de millions d'euros à l'échelle mondiale. Mais les ventes de modules de communication sont censées décoller dans les prochaines années alors qu'aujourd'hui à peine 1 % des 50 milliards d'objets (camions, compteurs, distributeurs de boissons...) sont connectés. D'où les efforts et le prix payé par Gemalto : 163 millions d'euros en « cash » pour une société qui a réalisé 145  millions d'euros de chiffre d'affaires en 2009, une rapport quasiment deux fois plus élevé que ce qu'était prêt à payer Gemalto pour s'emparer de Wavecom en 2008. Mais, à la différence de Wavecom, Cinterion est restée profitable malgré la crise (3 % de marge d'exploitation en 2009), et les perspectives sont meilleures aujourd'hui qu'en 2008. Et au final, l'opération sera bénéfique pour le résultat net dès 2010.Les fabricants de modules misent d'ailleurs beaucoup sur l'intérêt grandissant des opérateurs de télécoms pour le MtoM. Car un objet connecté offre deux avantages par rapport à un abonné humain : moins d'investissement et surtout un taux de désabonnement quasiment nul. Ce qui permet, malgré un revenu moyen moindre, de générer une marge plus confortable.
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