Les cinq causes majeures des retards des grands programmes aéronautiques

L'A380, le B787, l'A400M... et, probablement demain, l'A350 : depuis cinq ans tous les grands programmes aéronautiques dérapent. Si ces retards ont toujours existé dans le militaire, où les programmes sont sans cesse modifiés, ce n'était pas le cas dans le civil. Le respect du calendrier de la Caravelle, des A310, A320, A330, du B737 ou le Falcon 7X en témoigne. ?Dans une étude sur les grands programmes aéronautiques, David Bonnus, cofondateur de Step Consulting, identifie cinq causes majeures de retard. Tout d'abord, il pointe « la logique volontariste » des constructeurs lors des lancements de programmes, qui « consiste à parier que les risques potentiels ne surviendront pas tous, sinon pas tous en même temps ». De fait, « les calendriers initiaux sont basés sur une perception trop optimiste quant à la capacité de l'entreprise à gérer les difficultés ». ?Deuxième raison, les aspects techniques. « Les procédés industriels et les matériaux innovants sont partiellement maîtrisés au moment du lancement du programme. » C'est le cas des matériaux composites qui explique les difficultés de Boeing, mais aussi le basculement d'un système hydraulique à un système électrique. ?Troisième cause, la surchauffe des bureaux d'étude. David Bonnus note qu'il y a chez Airbus au moins cinq programmes en parallèle et tout autant chez Boeing alors qu'« un grand avionneur », que le consultant n'identifie pas, « a évalué sa capacité de conception à 1,6 programme en simultané ». ?Quatrième explication : l'externalisation croissante de la production depuis dix ans de la part des avionneurs et des grands équipementiers. Cela avec la prise en charge des risques confiés aux fournisseurs qui se sont vus attribuer des ensembles à construire de plus en plus grands. « En externalisant toujours plus, les avionneurs et équipementiers ont augmenté les risques externes », constate l'expert, qui prône des relations plus équitables entre donneurs d'ordre et sous-traitants, « afin de ne plus générer des contrats à perte qui assèchent les capacités des sous-traitants ». ?Dernier élément, « l'effet domino », quand le retard d'un programme empêche de libérer les ingénieurs sur le programme d'après. Fabrice Gliszczynsk
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