« Pékin agira pour éviter une crise »

STRONG>George Hoguet Stratégiste senior chez State Street, spécialiste des pays émergentsExiste-t-il un risque sur les grandes banques chinoises ?À chaque fois que le taux de croissance de la masse monétaire M2 est si rapide, des problèmes sont à craindre. En Chine, l'octroi du crédit est décidé par l'État et n'est pas tout à fait libre. Ceci dit, le taux de croissance de la masse M2 y a été ramené de 29 % au coeur de la crise financière à 19 % actuellement après que les autorités ont contraint les banques à augmenter leurs réserves obligatoires [à neuf reprises, Ndlr.]. Depuis les années 1990, ces établissements ont été recapitalisés à deux reprises et, suite aux récentes levées en Bourse, leurs fonds propres sont élevés. Leur capitalisation est désormais supérieure à celle des grandes banques américaines. De plus, si cela devenait nécessaire, le gouvernement central, dont les réserves de change s'élèvent à 2.700 milliards de dollars, interviendra de façon très directe pour éviter une crise. Dans ce contexte, conseillez-vous à vos clients d'investir dans les banques chinoises ?De façon générale, nous recommandons à nos clients d'avoir un portefeuille de titres ultra-diversifié. Dans les pays émergents, investir dans les banques, c'est investir dans la croissance et la consommation. Or, la croissance potentielle de la Chine s'élève à 8,5 %, un niveau bien plus élevé que dans les pays développés. Et nous pensons qu'à l'horizon 2035 la Chine deviendra la première puissance économique mondiale, alors qu'elle occupe aujourd'hui le deuxième rang. Il vaut mieux investir sur un pays en raison de ses fondamentaux et de ses perspectives que de se concentrer sur un secteur spécifique. Voilà pourquoi nous sommes actuellement en position « sous-pondérer » sur les banques chinoises [c'est-à-dire que State Street recommande de garder des positions au sein de ces établissements mais dans une proportion moindre que dans les indices boursiers de référence chinois, Ndlr]. C'est une question de valorisation, leurs actions sont plus chères que celles d'autres actifs. Il n'est généralement pas opportun d'acheter des titres bancaires au moment où les politiques monétaires se resserrent, ce qui est le cas en Chine.L'évolution des créances douteuses vous inquiète-t-elle ?On estime qu'en Chine les créances douteuses pourraient représenter jusqu'à 25 % du produit intérieur brut du pays. Le système est relativement opaque. Mais une fois de plus, en Chine, les banques jouent un rôle économique et social majeur et doivent contribuer à la création d'environ 15 millions d'emplois par an. Voilà pourquoi l'État les soutient.Propos recueillis par Éric Chalmet
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