BP, très fragilisé, risque un rachat inamical

L'avenir de BP continue de s'assombrir, à l'image de la mer et des côtes du sud des États-Unis. Le nouvel échec du colmatage sonne comme un énième coup dur pour la société pétrolière. Mais l'impact de cette catastrophe écologique sera bien supérieur au strict coût de traitement de la marée noire. La facture s'élève déjà à « environ 930 millions de dollars », soit plus de 750 millions d'euros, a précisé BP, vendredi, expliquant que cette estimation incluait l'ensemble des dépenses qu'il a engagées jusqu'ici (frais de confinement et de nettoyage, sommes versées aux États côtiers, dommages déjà remboursés, opérations pour tenter de colmater la fuite de pétrole...). Le groupe a cependant ajouté qu'il était « trop tôt pour quantifier les autres coûts potentiels et les responsabilités associées à l'incident ».Depuis l'explosion et le naufrage de la plate-forme Deepwater Horizon, le 20 avril, l'estimation du coût pour BP a enflé de manière vertigineuse au fil des semaines, triplant par rapport à un chiffrage initial de 350 millions de dollars (le 10 mai), au fur et à mesure que le pétrole se répandait dans le golfe du Mexique, provoquant ce que la Maison-Blanche qualifie désormais comme « la pire marée noire dans l'histoire des États-Unis ».Au total, les analystes avancent pour BP un coût global de 5 à 20 milliards de dollars, incluant les amendes et les pénalités. Résultat : la capitalisation du pétrolier a déjà fondu d'environ 30 % depuis le sinistre, perdant près de 55 milliards de dollars. Ce qui fait désormais de BP une proie potentielle pour ses grands concurrents, spécialistes des mégafusions, tels Exxon Mobil ou Total. À 135 milliards de dollars vendredi, BP vaut à peine la moitié d'Exxon, et devient moins cher que Shell. Certains analystes rappellent que John Browne, le prédécesseur de Tony Hayward à la tête de BP, avait révélé récemment, dans un livre de mémoires, que BP et Shell avaient envisagé une fusion il y a quelques années. Les pétroliers tablaient alors sur des synergies annuelles de 9 milliards de dollars... « BP est assez fort pour se défendre contre une éventuelle OPA », a estimé ING Bank, vendredi.OPA ou pas, l'image du groupe est durablement dévastée, notamment aux Etats-Unis, où il extrait près de la moitié de sa production de pétrole (665.000 barils par jour, sur 1,4 million produit en propre). Le golfe du Mexique, où BP est le premier opérateur pétrolier, représente la moitié de cette production américaine, avec un doublement entre 2007 et 2009. Une croissance qui devrait être stoppée net après la reprise en main annoncée par Obama sur les autorisations de forage dans la zone. Marie-Caroline Lopez
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