Eurofi : la régulation financière est douloureuse, imparfaite, mais vitale

Les établissements concernés par Bâle III ou Solvabilité II s'inquiètent de l'application concrète de ces normes et de leur impact éventuel sur l'économie réelle.
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Le secteur financier n'y échappera pas. Banquiers et assureurs ont beau faire de la résistance sur certains points de Bâle III et Solvabilité II, ces nouvelles normes doivent s'appliquer pour restaurer la confiance des investisseurs et garantir la stabilité et l'intégrité du secteur.

La régulation a par conséquent dominé les débats du forum Eurofi, qui réunissait les barons de la finance européenne à Wroclaw (Pologne), les 15 et 16 septembre. Par exemple, concernant le calibrage des ratios de liquidité exigés par Bâle III, certains se demandent désormais quelles classes d'actifs peuvent être considérées comme liquides ou illiquides, au vu de la crise des dettes souveraines... Et l'appréciation des ratios de liquidité est d'autant plus difficile que le niveau de liquidité des banques est l'apanage de chaque régulateur national. « Cela rend difficile pour les banques européennes d'exploiter les bénéfices du marché unique et pour les régulateurs européens d'acquérir une vision complète de la liquidité bancaire », constatait Mario Nava, responsable de l'unité banques à la Commission européenne.

Les banquiers craignent aussi que Bâle III ne préserve pas la diversité du secteur bancaire : qu'elle soit mutualiste, traditionnelle ou spécialisée, la banque sera en effet traitée de la même manière. Finalement, une période d'observation de deux ans a été décidée pour permettre au régulateur de procéder à toutes les adaptations nécessaires, et en particulier de finaliser le calibrage des différents ratios.

Au final, les deux industries bancaire et assurantielle ont alerté les régulateurs présents à Eurofi sur les dysfonctionnements que ces régulations pourraient engendrer sur l'économie.

Distorsions de concurrence

Pour les banques, un mauvais calibrage pourrait notamment impacter le coût et le volume des crédits octroyés. Les assureurs doivent, quant à eux, pouvoir continuer à jouer leur rôle d'investisseurs de long terme. Des distorsions de concurrence peuvent aussi apparaître entre les pays et les acteurs, selon qu'ils sont ou non soumis à ces régulations. « Lorsque Solvabilité II entrera en vigueur, nous souhaitons une période de transition pendant laquelle nous continuerons d'appliquer les standards locaux dans certains pays hors de l'Union européenne. C'est une nécessité pour que deux acteurs qui exercent la même activité dans le même pays se battent à armes égales », affirmait Jacques de Vaucleroy, directeur général d'Axa en Europe du Nord, Centrale et de l'Est.

Comparaisons difficiles

Reste aussi à régler la question de la nature des informations que les banques délivrent au régulateur, qui sont aujourd'hui difficilement comparables. « Parce que nous avons tous des langages différents, il faudrait avoir une définition des différents types de risques, savoir quelles sont vraiment les informations pertinentes à donner, et utiliser des règles de communication standardisées », a expliqué Laurent Berrebi, chef économiste chez Groupama AM.

Quoi qu'il en soit, même imparfaites, les normes de Bâle III et de Solvabilité II entreront bien en vigueur à partir du 1er janvier 2013.

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