Le Crédit Agricole reste plombé par la Grèce et s'allège sur l'Italie

Le Crédit agricole, qui a vu son résultat net chuter de 65,2% au troisième trimestre, a dit jeudi s'attendre à d'autres mois difficiles après avoir passé dans ses comptes une nouvelle dépréciation bien plus lourde que prévu sur la Grèce.
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Le véhicule coté du groupe Crédit agricole indique avoir enregistré une dépréciation supplémentaire de 637 millions d'euros sur les titres de dette souveraine grecque, représentant une décote de 60%, comme appliqué par les autres banques françaises.

Il explique avoir déprécié la dette grecque sur l'ensemble des maturités au troisième trimestre, et non plus uniquement sur les titres arrivant à échéance avant 2020 comme ce fut le cas dans les comptes du deuxième trimestre.

Sa maison mère, le groupe Crédit agricole, a dans le même temps fait savoir qu'elle avait réduit de 27% entre fin juin et fin octobre son exposition aux dettes souveraines des pays de la zone euro en difficulté, à savoir l'Italie, la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne.

Son exposition à la dette publique italienne a ainsi été ramenée en quatre mois de 8,73 milliards d'euros à 6,75 milliards.

"Nous sommes plutôt réalistes et nous nous préparons à des trimestres compliqués", a déclaré Jean-Paul Chifflet, le directeur général de Crédit agricole SA, lors d'une conférence téléphonique avec les journalistes. "La situation reste délicate et complexe."

Dans le contexte d'aggravation de la crise de la dette en zone euro, le directeur financier de la banque a fait savoir lors d'une conférence avec les analystes qu'il ne fallait pas s'attendre à une baisse des provisions pour risque de crédit.

A la Bourse de Paris, l'action Crédit agricole, qui avait ouvert en baisse de 5%, réduisait ses pertes et cédait 1,65% à 4,933 euros à 13h33, signant la deuxième plus forte baisse du CAC 40.

Au même moment, l'indice bancaire européen progressait de 0,96%.

"Les résultats du troisième trimestre sont inférieurs au consensus, en raison de l'exposition du groupe à la Grèce", explique Alex Koagne, analyste chez Natixis. "Emporiki (filiale grecque, NDLR) reste un fardeau."

"La situation en Grèce continue de peser sur les résultats", constatent aussi les analystes d'ING, qui relèvent néanmoins une résistance des activités dans la banque de financement et d'investissement (BFI).

PLANS D'ACTION D'ICI LA FIN DE L'ANNÉE

Le bénéfice net de Crédit agricole SA ressort ainsi à 258 millions d'euros au troisième trimestre, là où les analystes interrogés par la rédaction de Reuters anticipaient un repli de 18,4% à 605 millions d'euros, intégrant une dépréciation supplémentaire limitée à 245 millions sur la Grèce.

Comme BNP Paribas et Société générale, le Crédit agricole a engagé fin septembre un plan visant à réduire la taille de son bilan et ses besoins de financement.

Interrogée sur l'avancement de ce programme, la banque s'est refusée à tout commentaire.

"Nous avons déjà lancé des plans d'action. Nous communiquerons la date (de présentation du plan, NDLR) dès qu'on l'aura arrêtée", a simplement fait savoir Jean-Paul Chifflet. "C'est une affaire de semaines. (Ce sera) avant la fin de l'année."

Le directeur général du Crédit agricole a aussi fait savoir que la vente des activités de capital-investissement (private equity) n'était pas encore finalisée. "Nous n'avons pas bouclé le dossier."

RAPPROCHEMENT CLSA-CHEUVREUX EN COURS

Dans le cadre du rapprochement des activités de courtage avec le chinois Citic, la banque poursuit l'intégration des différentes entités concernées.

"Nous sommes en train de travailler sur le rapprochement CLSA-Cheuvreux. Là aussi, nous préparons le plan de rapprochement avec quelques synergies à la clé", a souligné Jean-Paul Chifflet.

Globalement, le bénéfice net du groupe Crédit agricole - c'est-à-dire avec les caisses régionales - ressort en repli de 36% au troisième trimestre, à 930 millions d'euros.

A titre de comparaison, les résultats nets trimestriels ont été de 622 millions d'euros pour la Société générale, de 541 millions pour BNP Paribas et de 332 millions pour la banque mutualiste BPCE (Banque populaire-Caisse d'épargne), maison mère de Natixis.

Le Crédit agricole a précisé qu'il n'avait encore pris aucune décision concernant sa politique de dividende pour l'exercice en cours, alors que les régulateurs européens pressent les banques de mettre en réserve leurs bénéfices pour renforcer leurs fonds propres.

A la différence de la BNP, de la SocGen et de BPCE, le groupe Crédit agricole n'a toutefois pas besoin de se recapitaliser, d'après l'Autorité bancaire européenne.

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