Les banques sont depuis longtemps accusées de ne prêter qu'aux riches. Sauf aux Etats-Unis où réglementation et institutions spécialisées les incitent, les obligent même, à financer le logement des plus défavorisés. Voici comment elles en sont arrivées là et ce qui en est résulté.
En 1977, sous le président Carter, est promulguée une loi dite Community Reinvestment Act. Elle pousse les banques et les caisses d'épargne à prêter aux communautés désavantagées. Pendant longtemps, cette loi renforcée puis assouplie sous les présidents Clinton et Bush fils est appliquée avec peu de rigueur. Du moins jusqu'à ce que les «groupes communautaires» prennent conscience du pouvoir que leur donne la loi. Ils peuvent, en effet, bloquer des opérations telles que l'ouverture de nouvelles branches ou les fusions en protestant auprès des quatre organismes qui réglementent le secteur.
Dès lors, les banques desservant les quartiers pauvres ont à choisir entre renoncer à leur développement ou effectuer des prêts très risqués. Dans ce dernier cas, elles ne peuvent même pas demander des taux d'intérêt élevés correspondant au risque qu'elles prennent, car elles seraient accusées de pratiquer l'usure et condamnées en conséquence. Remarquons, en passant, que l'un des plus actifs de ces groupes communautaires est l'Acorn où a milité Barack Obama.
Des institutions sponsorisées par le gouvernement (dont les deux plus importantes sont connues sous les noms familiers de Freddie Mac et Fannie Mae) trouvèrent, avec les encouragements du Congrès, la solution du problème. Elles allaient acheter les créances hypothécaires sur le marché (c'était leur mission), en garder une portion dans leur bilan et revendre les autres sous forme de "mortgage backed securities" (MBS) c'est-à-dire de «paquets» regroupant des milliers de créances primaires. Etant géographiquement diversifiées, ces MBS paraissaient d'autant moins risquées que les émetteurs donnaient l'illusion d'être garantis par l'État.
Le secteur privé se mit aussi de la partie. Le jeu de la titrisation était d'autant plus rémunérateur que les prix de l'immobilier ne cessaient de grimper, conséquence des bas taux d'intérêt pratiqués avec entêtement par la Réserve fédérale au sortir de la récession de 2001. Du côté des emprunteurs, l'inflation convenait à ceux qui avaient déjà acheté leur logement et qui voyaient la valeur de leur actif s'apprécier jour après jour. Mais pas aux acquéreurs potentiels auxquels les charges élevées des dettes à contracter posaient problème.
Qu'à cela ne tienne. Afin que tous les Américains puissent continuer à acquérir des logements, on leur a offert, avec la bénédiction du gouvernement, du Congrès et des instances réglementaires, des prêts hypothécaires sans apport personnel et avec des intérêts initialement très faibles (mais devant s'ajuster à la hausse ultérieurement). Mais, la montée des prix ne pouvait se prolonger indéfiniment. La Fed finit par relever ses taux, et la bulle immobilière par éclater. La chute des prix provoqua un effet boule de neige. Les propriétaires dont les apports lors de l'achat de leurs habitations avaient été faibles ou nuls ont vu leurs dettes excéder leurs avoirs. Ils avaient donc intérêt à ne plus payer leurs mensualités. Par ailleurs, il se trouvait des acquéreurs potentiels aux revenus modestes qui ne pouvaient plus acquitter leurs dus. Dans un cas comme dans l'autre, les biens ont été alors saisis et revendus ce qui a accéléré la chute des prix. L'effondrement de la valeur des capitaux immobiliers a entraîné celle des produits titrisés.
La généralisation des techniques inaugurées par Freddie Mac et Fannie Mae et les nouvelles règles comptables imposant la valorisation des actifs au cours du marché ont donné une ampleur effrayante à la crise. Mais ne perdons pas de vue qu'à l'origine de la débâcle financière actuelle se trouvent les émissions massives de créances hypothécaires subprimes destinées aux communautés défavorisées. C'est donc la volonté politique d'offrir des logements pour tous qu'il convient avant tout de réformer.
M. Aftalion n'accuse pas ni les pauvres, ni les contribuables , il fait une analyse objective de ce qui s'est passé. Des banque toujours à l'affût de plus de profits ont été soutenus par le gouvernements et ont tout simplement fait n'importe quoi. La cause de la crise financière est tout simplement le derésponsabilisation des banques par des man?uvres politiques. le vrai libéralisme c'est Liberté mais Responsabilité.
Les pauvres ne peuvent pas se payer une maison, le gouvernement américain leur a fait croire que oui , les banques ont joué le jeu et voilà le résultat , ce n'est pas la peine de chercher midi , 14 heures.
Et pourquoi oubliez-vous le rôle des banques qui ont bricolé et mis sur les marchés des produits pourris ?
Certaines personnes des dites banques devraient être poursuivies pour escroquerie sans attendre...
Soudainement les rois de l'arnaque financière auraient engagé des montants hallucinants dans quelque chose qu'ils voient s'écrouler à 20 kilomètres parce que l'Etat a dit que, le tout sans broncher.
Je ne suis pas convaincu par votre thèse qui me semble simpliste et incomplète.
Il était rationnel pour les banquiers d?agir ainsi puisque pour conséquence de leurs turpitudes, de leurs comportements irresponsables, les voilà grassement récompensés. Les nationalisations reprennent bon train, de Fortis à Dexia en passant par AIG, dans des pays que l?on croyait pourtant acquis depuis longtemps au libre marché. L?immoralité est au sommet. Lorsque s?inspirant du cas du Crédit Lyonnais, qui crée un consortium de représentation lorsque que le doute s?installe sur la capacité de ses débiteurs à payer leurs créances, et dont l?estimation la plus optimiste, celle rendue par la Cour des comptes, estime le sauvetage à la modique somme de 130 milliards d?euros, il s?agit là d?un triple standard d?immoralité. C'est-à-dire que non contente de ne pas avoir à endosser les conséquences de leurs frivolités par le biais du consortium de représentation, les institutions bancaires les plus irresponsables se voient récompensées de leurs crimes à grand renfort de plans de sauvetage lancés par des hommes politiques tout aussi irresponsables et soucieux des conséquences catastrophiques de leurs actions à moyen et long terme. Qu?est-ce que les banques ont-elles à perdre à ainsi jouer avec l?argent des épargnants ? Et surtout à combien évaluent-elles le risque que tout s?effondre ? Ce risque, elles l?estiment nul puisque quoi qu?il arrive, c?est toujours l?Etat Providence, avec les impôts qu?il ponctionne sur le revenu des ménages et des entreprises les plus méritantes, c'est-à-dire celles qui par leurs efforts réussissent le mieux à satisfaire la demande sur le marché, qui va tout éponger. Les créances bonnes et sûres, les banques les conservent et sont sorties des bilans des banques uniquement les créances douteuses grâce aux consortiums de représentation. S?agissant du plan Paulson de 700 milliards de dollars qui n?est que le premier adopté par les Etats-Unis, il illustre et explique parfaitement à quel point les banques ont agis en toute rationalité, pourquoi elles ont eu raison de prendre les risques qu?elles ont pris.
Est-ce que la Tribune lit les articles qu'elle publie, avant de les publier ?