Cette crise qui rend fou !

Par Erik Izraelewicz, directeur de la rédaction de La Tribune.

Locataires, devez-vous toujours payer, chaque mois, votre loyer ? Chef d'entreprise, est-il bien nécessaire de continuer à respecter les lois de la République, à faire confiance en la neutralité de l'Etat ? Questions incongrues, bien sûr. Questions que soulèvent pourtant les interventions publiques, hier, de deux ministres de la République justement, Christine Boutin et Laurent Wauquiez.

La première, ministre du Logement, a expliqué, au Parisien d'abord, sur RMC ensuite, qu'elle prendrait la défense, à tout prix, des locataires qui, de "mauvaise foi ou pas" (sic), sont sous le coup d'un jugement d'expulsion. On comprend l'implication, personnelle, de la ministre - elle a vécu, elle-même, enfant, cette douloureuse expérience. On sait que, avec la crise et la fin de l'hiver, les temps sont difficiles. On admet que la compassion fasse partie de la fonction politique.

Tout cela n'autorise pas néanmoins à dire n'importe quoi. Comme tout marché, celui du logement est, on l'a vu trop souvent, hypersensible au moindre signal. Et celui donné par la ministre hier est dangereux. Il encourage les locataires à ne pas s'inquiéter de leurs devoirs, au risque de décourager les propriétaires. On ne peut penser que l'objectif de la ministre est d'aggraver la pénurie de logements. On ne s'y prendrait pas autrement pourtant !

Idem du côté de Laurent Wauquiez, le secrétaire d'Etat à l'Emploi. Généralement mieux inspiré, le ministre appelait hier tout simplement les syndicats à attaquer en justice le groupe Continental pour non-respect des lois françaises - le groupe allemand venait d'annoncer la fermeture de son usine de Clairoix (1.100 salariés), dans l'Oise. Avant d'intervenir, le ministre aurait pu prendre connaissance, comme il aurait dû le faire avant ses propos sur Total la veille, de la réalité des faits.

Là encore, Continental, comme Total, n'ont sans doute pas fait preuve d'un grand sens de la communication. On peut comprendre aussi la colère des salariés. Mais est-ce vraiment le rôle des politiques, qui plus est des dirigeants de l'Etat, que de l'exacerber ?

La crise rend fou ! On aurait en réalité préféré entendre la voix du gouvernement le week-end dernier lorsque, sur le territoire de la République, en Guadeloupe, des dirigeants syndicaux ont menacé les entreprises d'expulsion si elles refusaient de céder à leur diktat. Sur ce sujet-là, scandaleux s'il en est, aucun membre du gouvernement ne s'est exprimé fermement. On ne peut que s'en étonner. Et s'en inquiéter.

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Commentaires 6
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je ne vois pas ce qu'il y a de choquant, s'il y a matière à porter plainte contre des patrons indélicats, de le faire. À moins que l'auteur de l'article revendique une justice de classe. On ne poursuit pas les gros mais on tape sur les faibles. Votre...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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En réalité, il ne faut pas prendre ces paroles de ministres au pied de la lettre! C'est une forme de langue de bois destinée au citoyen moyen, mais comme chacun peut le constater, ces paroles ne sont pas suivies d'action.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Les syndicats sont assez grands pour porter plainte s'il y a matière. Croit-on Wauquiez assez niais pour n'avoir rien compris et ne pas être sciemment démagogue? Pour Boutin c'est moins sûr, il est possible qu'elle ait un c?ur à la place du cerveau. ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Un article quelque peu consternant, tant le deux poids deux mesures semble assumé, avec d'un côté les méchants locataires qui doivent être mis face à leurs "devoirs", et de l'autre les entreprises Continental et Total, de qui l'on excuse gentillement...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Expulses mal logés même combat? les premiers ne veulent pas quitter leur logement, les second veulent en trouver un, si possible convenable. Celui des premiers peut-etre? On confond aussi bailleur privé et bailleurs public dont les devoirs ne sont p...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Au moment où la terre souffre d?un réchauffement sans précédent dans son histoire, l?économie mondiale a choisi la planète la plus glaciale où tous les chiffres tendent vers la baisse (à l?exception du taux de chômage). Cette épidémie (crise financi...

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