Une taxe mondiale sur les riches ?

Par Philippe Mabille, éditorialiste à La Tribune.

On a tous bien compris que Nicolas Sarkozy, comme il l'a dit le 17 mars devant les ouvriers d'Alstom, n'a pas été élu pour augmenter les impôts. On a moins commenté la fin de sa diatribe qui explique mieux pourquoi le chef de l'Etat tient tant à son bouclier fiscal. Elle disait, en substance, que "nous vivons dans une compétition" et que son but, c'est de "faire investir les riches en France, pas de les en faire partir".

La compétition fiscale, voilà résumé tout le débat. Elle est, comme la compétition salariale, l'un des engrais de la mondialisation. Les usines à ceux qui auront les plus faibles salaires et les cerveaux pour ceux qui auront les plus faibles impôts. Ce discours avait sa logique avant le krach financier de 2007-2008, mais il a moins de prise aujourd'hui. La crise a porté un coup sévère à la vulgate libérale qui a lancé tous les pays de l'OCDE, depuis trente ans, dans une course à la baisse de la pression fiscale sur les très hauts revenus.

Cela a commencé sous Reagan et Thatcher, continué dans les années 1990-2000 avec l'explosion des revenus variables type stock-options, avantagés fiscalement par rapport au salaire. Nous vivons la fin de cet âge d'or. Partout où la crise fait des ravages, la question se pose d'une répartition plus juste des revenus et l'impôt apparaît comme l'instrument le plus adapté pour y parvenir.

Il ne faut pas s'y tromper : tous les Etats obligés de se surendettés seront contraints de recourir tôt ou tard à des hausses d'impôts, pas seulement pour des raisons de morale, mais tout simplement pour financer leurs déficits abyssaux. C'est d'ailleurs cette perspective qui fait remonter le taux d'épargne des Américains. En France, le gouvernement a beau jeu de dire qu'augmenter les impôts aujourd'hui serait "tuer la sortie de crise". C'est plus sûrement en sortie de crise que la pression fiscale devra augmenter. De sorte que la prochaine élection présidentielle se jouera probablement là-dessus.

Dès l'automne prochain, de toute façon, se reposera la question du bouclier fiscal à 50% des revenus, dont une partie de la majorité UMP voudrait exclure la CSG. Augmenter les impôts, oui, mais comment éviter de faire fuir les hauts revenus ? On voit déjà monter aux Etats-Unis une "jacquerie" des riches, avec l'apparition chez les républicains d'une "révolte contre le socialisme" supposé de Barack Obama !

A moins que le mouvement soit mondial, un peu à l'image de l'action du G20 contre les paradis fiscaux. Sur le Net, les blogs fleurissent déjà de commentaires appelant à une taxe mondiale sur les super-riches. Si tous les pays du monde voulaient bien augmenter leurs impôts en même temps...

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Commentaires 9
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il se pose bien sûr la question d'une gouvernance mondiale à tous le sniveaux et sur tous les plans. On ne peut imaginer la poursuite de politiques nationales désordonnées qui nous ont menés à la crise. La foi du G20 en une reprise soutenue par des m...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Et pourquoi ne pas inculquer le théorème suivant aux futurs chefs d'entreprises : "Augmenter votre chiffre d'affaires si vos frais fixes sont trop importants !" Soyons sérieux et GERONS les états comme les entreprises ! Celà fait 30 ans que les con...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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OUI UNE TAXE PRELEVEE PAR l'ONU sur TOUS les RICHES, et utiliser LES ARMEES pour VIDER LES PARADIS FISCAUX en CONFISQUANT LES AVOIRS ET LES ACTIFS des VOYOUS et DES BANDITS FINANCIERS BANQUIERS qui sont PRESENTS dans ces ESPACES DEGRADANTS POUR l'HUM...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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L'article est nécessairement provocateur. En effet, la ponction fiscale n'a jamais été aussi élevée. Les pays à forte taxation se réjouissent de la reprise en mains par les Etats du système. Cependant, il ne faut pas se leurrer, la richesse n'est pas...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Les commentateurs, tout comme les politiques idéologues de tous bords, confondent tout et sont prêts à tous les amalgames sur la question de la fiscalité : attractivité d'un territoir pour les investissements, taxation des revenus des personnes physi...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Quand on voit l'histogramme des bénéficiaires du bouclier fiscal, on se dit qu'on pourrait très bien le restreindre à ceux dont le patrimoine est en dessous de 5 millions d'euros... J'ai plein de famille et de relations au Canada, c'est marrant mais...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Le principal intérêt de l'investissement des riches, ce n'est pas de faire monter l'immobilier et remplir les boutiques de l'avenue Montaigne, c'est l'emploi des classes moyennes et laborieuses, ceux qui paient le gros des impôts.Les capitaux,ne rest...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Dans la taxation des bénéfices et des revenus, il faudrait introduire une pondération lié au nombre d'employés à plein temps, de manière à ce qu'un Thierry Henry ou un Dany Boon, fort sympathiques, mais ne donnant pas du travail à grand monde ou alor...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Chaque fois qu'un gouvernement crée une taxe, il s'arrange pour créer des exemptions; qu'on en finisse une bonne fois: une FLAT TAXE et pas d'exemptions; la pseudo-morale n'existe pas dans une démocratie! Et bon retour au bercail à tous ceux qui avai...

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