Logique de l'élargissement

Par Sophie Gheradi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Il y aura cinq ans le 1er mai, dix pays européens d'un coup "entraient en Europe ".
Première phrase, première complication : l'Europe géographique et l'Europe politique ne coïncident pas. Enfin, elles ne coïncidaient pas au début de l'aventure, en 1958. Depuis, les deux cartes ont eu tendance à se recouvrir de plus en plus. Car l'Europe politique est un corps en expansion. La preuve, en cinquante ans, elle s'est agrandie à six reprises.
Tous les huit ans, en moyenne. Et, à chaque fois, l'élargissement s'est accompagné de grincements de dents. Car, ne l'oublions pas, l'unification européenne a consisté à mettre ensemble des pays qui avaient passé l'essentiel de leur histoire à se combattre. Leur détestation réciproque, sublimée, s'est révélée le plus solide des ciments.
Déjà, l'affaire a commencé entre les pires ennemis qui fussent alors, l'Allemagne et la France, avec quatre autres compères (Pays-Bas, Belgique, Luxembourg et Italie) tout aussi traumatisés et remplis de griefs. Cependant, l'esprit de réconciliation insufflé par la mouvance démocrate chrétienne? l'internationale blanche, bien moins connue que les rouges ? présida au lancement de l'entreprise. L'ensemble "carolingien " de 1958 était assez simple : mi-germain, mi latin.
Dès 1973, l'arrivée de la Grande-Bretagne, de l'Irlande et du Danemark apportait dans la marmite de nouvelles saveurs : du Commonwealth, du celtisme, de la Scandinavie. La Grèce, en1981 : de l'orthodoxie. L'Espagne et le Portugal, en 1986 : des arrière-mondes ibérophones, des agricultures méridionales et des pauvres. L'Autriche, la Suède et la Finlande, en 1995 : des neutres.
Enfin, en 2004, une grosse ration de post-communisme avec huit pays issus du bloc soviétique (rejoints par Roumanie en Bulgarie en 2007) plus deux îles méditerranéennes. Tout ça crissant et grognant, plein de peurs et de conflits. En toute logique européenne, chaque nouvel arrivant veut embarquer son pire voisin. Pour cette excellente raison, malgré les réticences actuelles, il y aura d'autres élargissements.

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Commentaires 5
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Dans ce cas, intégrons d'abord l'Arménie et Byzance, le kurdistan ainsi que tous les pays conquis par l'ex-empire ottoman, ensuite, nous serons peut-être prêts à intégrer la turquie. Je n'ai pas dit "assimiler" car Erdogan a dit aux turcs allemands q...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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bien avant la question turque, la bosnie, la serbie, le montenegro, la macedoine, la moldavie sont à integrer.. Quant à la turquie, si elle n'a sans doutre pas sa place dans l'UE car sa civilisation n'est que superficiellement "européanisée", traiton...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Philippe, leur grande tentative pour échapper à l'obscurantisme religieux date du siècle dernier, Mustapha Kemal, depuis, et surtout ces dernières dizaines d'années, avec le reflux des établissements coloniaux européens,ils ont été constamment en re...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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J'ajoute à ce qui précède que cette année le magazine scientifique turc équivalent à au magazine "science" et édité par le Conseil de la recherche scientifique et technologique n'a pas pu faire un numéro spécial Darwin et la rédactrice en chef a ét...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Le plus grand obstacle à une identité européenne n'est pas le Coran, ou la Bible, mais la cassure radicale de 1789. Il y a les sociétés qui en tirent les conséquences, et celles qui s'y refusent. le reste n'est que poussière.

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