Du RMiste au RSAste

Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

Le RMiste est mort, vive le RSAste. Depuis hier, le nouveau revenu de solidarité active, conçu et promu par Martin Hirsch, haut-commissaire aux Solidarités actives et à la Jeunesse, est entré en vigueur. A la différence de son ancêtre le RMI, auquel il se substitue, le RSA sera touché non seulement par les sans-emploi en fin de droits, mais aussi par ceux qui travaillent à temps partiel et n'ont qu'un faible salaire : il va subventionner les travailleurs pauvres, sur fonds publics, en complétant leurs revenus.

Encore une coûteuse avancée d'un Etat providence porté à l'extension sans bornes ? Non, la solidarité rejoint ici l'efficacité économique. Dans de nombreux cas, un bénéficiaire du RMI n'avait aucun intérêt à reprendre un travail partiel car, s'il le faisait, il voyait ses subsides disparaître brutalement. Le RMI, généreux dans son inspiration, était une oubliette à pauvres. Ceux-ci, une fois tombés dans le piège, avaient les plus grandes difficultés à soulever la trappe qui les confinait dans les profondeurs sociales.

Paradoxe, les pauvres étaient ainsi frappés d'un taux marginal d'imposition bien plus élevé que les riches. Le RSA sera leur bouclier fiscal, incitant à reprendre un emploi, selon la théorie de l'impôt négatif mis en ?uvre par les Etats-Unis de Clinton ou le Royaume-Uni de Blair. Le seul inconvénient de cette réforme tient à ses modalités d'application, qui sont une sorte de chef-d'?uvre de complexité administrative française. Le bénéfice de l'allocation varie en effet selon de nombreux critères, avec les raffinements usuels que l'administration déploie pour coller au plus près d'une réalité souvent complexe - et aussi pour justifier sa propre existence, celle des contrôles et des contrôleurs.

Voilà longtemps que les riches ont leurs conseillers fiscaux, pour "optimiser" le coût de leurs impôts. Désormais, les pauvres aussi vont en avoir besoin. L'égalité est en marche.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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il est anormal qu'un citoyen retrouvant un emploi perde une partie de ses "ressourses" antérieures pour vouloir réintégrer le cortège des forcenats du boulot ! mais attendons l'évaluation de ce sytème pour dire que c'est tout bon ! car l'administrati...

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