Quand les fraudeurs sont chocolat

Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

Avec la levée du secret bancaire, la Suisse sacrifie l'un de ses pôles d'excellence mondiale. Heureusement pour elle, il lui reste vaches, cloches et alpages aux pentes enneigées. A Paris, on embouche les trompettes de la victoire. Quelques semaines seulement après le G20, voici les premiers résultats concrets des décisions prises par le directoire mondial pour lutter contre la crise !

C'est vrai. A une nuance près : les paradis fiscaux n'ont rigoureusement rien à voir avec la crise financière. Si la fraude à l'impôt est répréhensible, elle n'est pas plus liée aux "subprimes" que les excès de vitesse sur la nationale 6, autres coupables activités que la collectivité se doit de sanctionner. Il est troublant de constater que la seule mesure à ce jour issue du G20 ne s'attaque pas aux causes du krach, mais vise à aider les Etats à boucler leurs fins de mois, alors qu'ils sont engagés dans le sauvetage économique le plus coûteux de l'histoire.

Les gouvernements ressemblent ici à des chirurgiens qui, le bistouri à peine posé, enverraient leur facture au patient convalescent. Cette aménité nouvelle de la Suisse vis-à-vis du fisc français fait suite à celle du Luxembourg, qui a signé avec la France une convention voisine il y a peu. D'autres accords suivront, avec d'autres paradis fiscaux.

En matière d'impôt, le vent est en train de changer, parce que la demande politique de nos sociétés a changé elle aussi. Désormais, on veut manger du riche. Si possible du riche fraudeur, car la chair en est plus délicate. Et cela, y compris aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, pays réputés tolérants avec les inégalités. Cette révolution va alourdir la note aussi pour les bons citoyens, qui ne fraudent pas.

Car les paradis fiscaux avaient leur utilité, dans le bestiaire de la vie économique, exactement comme les hyènes dans la jungle. Ils créaient une sorte de pression qui dissuadait les Etats d'augmenter trop fortement leurs impôts. C'est fini : nous allons tous passer à la casserole. Les amateurs de voyages en Suisse en seront réduits à se rabattre sur une autre spécialité helvètique, le chocolat, réconfort des neurasthéniques et providence des contribuables essorés.

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Commentaires 8
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Le raisonnement me paraît spécieux. Tout ce qui peut aller à l'encontre des paradis fiscaux me paraît une bonne chose.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Raisonnement absurde : ce sont les salariés de base qui font les frais des facilités octroyées aux plus riches d'échapper à l'impôt. Et vu le rôle des endettements publics dans la résolution de la crise, il est nécessaire de s'assurer que l'effort f...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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La note des excés des riches, dont l'enrichissement doit en passant beaucoup aux politiques, on la paie déjà depuis longtemps et elle est salée. Prétendre que remettre un peu les pendules à l'heure et que chacun participe équitablement à l'effort col...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Oh, vous êtes trop indulgent dans votre jugement. Le raisonnement n'est pas spécieux, il est fallacieux et a tout l'air d'une pétition de principe. J'ose croire que c'est une provocation de notre ami qui a voulu tester la sagacité de ses lecteurs. L...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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A force de faire original, les rédacteurs -même en chef de la tribune-en arrivent à des paradoxes qu'ils devront nous expliciter. Et je ne me sens ni" hyène", ni mangeur de fraudeur au fisc, mais simplement dubitatif devant un tel plaidoyer.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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C'est étonnant ce besoin de choquer le lecteur " manger du riche ", " du riche fraudeur car la chair est plus délicate " vous dites n'importe quoi ! vous nous prenez pour certaines peuplades... enfin passons. Je connais quelques personnes de mon ent...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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vous pouvez sonner les trompettes de la victoire, chers voisins ! sachez qu'on rigole bien de l'autre côté de vos frontières. Et rendez vous dans 5 ans pour compter les points ; on aura toujours vos riches qui n'en peuvent plus d'être cambrio...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je note avec délectation la proximité de ce débat avec la réclame pour le concours pour gagner des Bandes Dessinées IRS

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