Urgence, relance, croissance

Selon le ministre de l'Economie, Christine Lagarde, les mesures d'urgence et le plan de relance ont permis de mieux surmonter la crise que la plupart des grandes économies. Maintenant il faut passer aux réformes de structure pour profiter pleinement de la sortie de crise.

En septembre 2008, la faillite de la banque américaine Lehman Brothers donnait le signal d'une crise financière puis économique d'une gravité exceptionnelle. Notre première réponse a été d'engager des mesures d'urgence, pour éviter l'asphyxie des acteurs financiers. La création d'une société de refinancement garantie par l'Etat a permis d'alimenter le système bancaire en liquidités et de garantir la continuité du financement des entreprises. L'Etat a aussi renforcé, contre rétribution et à titre temporaire, les fonds propres des établissements bancaires. D'autres mesures d'urgence en octobre 2008 ont permis de préserver l'accès au crédit des PME, notamment la création de la médiation du crédit.

Au niveau international, c'est sur la proposition du président de la république que s'est tenu un G20 historique à Washington le 15 novembre dernier. Pour la première fois, les dirigeants des vingt nations les plus riches ont reconnu ensemble la nécessité d'une régulation du secteur financier en affirmant qu'aucun marché, aucun territoire, aucun acteur ne pouvait rester en dehors de toute régulation.

Les mesures d'urgence ont été relayées ensuite par des mesures de relance. Elles ont d'abord pris la forme d'un plan de relance massif et rapide de 26 milliards d'euros, adopté le 4 décembre par le président de la république, coordonné au niveau européen et ciblé en priorité sur l'investissement. De nouvelles mesures de justice et de solidarité pour les plus fragiles et les personnes les plus menacées par la crise ont été adoptées lors du sommet social du 18 février : prime de solidarité active de 220 euros, revalorisation du minimum vieillesse, prime de 150 euros pour 3 millions de familles modestes avec enfants scolarisés, prime de 500 euros pour les demandeurs d'emploi n'ayant pu travailler qu'entre deux et quatre mois, allégement de l'impôt sur le revenu pour 6 millions de contribuables imposés dans la première tranche...

Les mesures de protection de l'emploi ont été multiples : renforcement de l'indemnisation de l'activité partielle, exonération de charges pour les embauches dans les très petites entreprises, plan d'urgence pour la formation, l'apprentissage et la professionnalisation des jeunes, extension du contrat de transition professionnelle pour les bassins les plus touchés, recrutements en contrats aidés... pour ne citer que quelques-unes.

L'ensemble de ces mesures d'urgence et de relance visait à sortir l'économie de la récession : selon l'Insee et l'OCDE, cet objectif pourrait être atteint d'ici à la fin 2009. Le FMI, dans son rapport sur la France du 29 juin dernier, reconnaît les effets de "mesures prises de bonne heure" et constate que "la France a surmonté la crise actuelle mieux que la plupart des autres grandes économies". Il souligne la solidité des banques françaises, le caractère approprié des mesures de relance et salue les efforts engagés pour maîtriser les dépenses de l'Etat.

Une nouvelle étape

Nous devons préparer aujourd'hui une nouvelle étape : celle de la croissance et des réformes d'avenir. Certaines décisions du G20 de Londres pour reconstruire le système mondial sur des bases saines ont été rapidement mises en ?uvre et en particulier en Europe. Nous avons décidé de réguler les agences de notation ; nous avons défini de nouveaux principes pour la rémunération dans le secteur financier pour encourager plus de responsabilité et moins de prise de risque. Depuis plusieurs semaines, la France a signé des accords mettant fin au secret bancaire en matière fiscale. Des progrès sont encore indispensables d'ici au prochain sommet du G20 à Pittsburgh, fin septembre. Nous pourrons alors constater que les décisions prises à Londres ont bien été mises en ?uvre. En Europe, je sais pouvoir compter sur la présidence suédoise pour que nous soyons à ce rendez-vous.

La France doit, elle aussi, se préparer à la sortie de crise et réaliser les réformes de structure qui permettront de soutenir durablement la croissance. Bien des exemples pourraient être tirés du discours stratégique du président de la république au Congrès de Versailles, je n'en citerai que quatre.

Quatre chantiers

La première réforme est celle de la taxe professionnelle avec la suppression des investissements productifs de son assiette. Elle va réduire très sensiblement le poids d'un impôt qui nuit à la compétitivité de nos entreprises. Cette réforme devrait être intégrée dans le projet de loi de finances pour 2010 à l'automne. La rénovation en profondeur de la formation professionnelle - gage de sécurité professionnelle en temps de crise - permettra de mieux orienter les fonds de la formation vers les personnes qui en ont le plus besoin. L'emprunt annoncé par le président de la République, indissociable d'une stricte maîtrise des dépenses publiques, permettra d'investir dans des projets rentables et créateurs de croissance durable, des projets rarement pris en charge par le marché alors qu'ils génèrent des rendements très importants pour l'économie. Enfin, il y a bien entendu le débat 2010 sur notre système de retraites, qui représente un enjeu considérable pour notre potentiel de croissance.

Les événements que nous traversons ne connaissent pas d'équivalent depuis les années trente. Dans cette tourmente, l'économie française résiste plutôt mieux que celle de nos voisins. Le moment est venu de conserver un temps d'avance et de préparer le retour d'une croissance durable et saine.

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