Obama, les mains libres

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Pour ceux qui s'étonneraient des résistances extraordinaires qu'a rencontrées Barack Obama, il est utile de rappeler un ordre de grandeur : les dépenses de santé représentent 16,5% du produit intérieur brut américain soit, grosso modo, l'économie française tout entière. Si tous les groupes sociaux, toutes les sensibilités politiques, tous les lobbies se sont jetés dans la mêlée avec une énergie farouche, c'est parce que l'enjeu était énorme.

Barack Obama sort de cette lutte tel le jeune Alexandre ayant dompté Bucéphale (le cheval avait peur de son ombre et le futur empereur le plaça face au soleil pour s'en rendre maître). Mais il y a un mois, tout le monde voyait en lui un loser incapable de faire passer une simple réforme. La vérité est entre les deux. Obama jouait gros : la réforme de la santé touche au pouvoir d'achat, à la fiscalité, à l'organisation de la médecine, à l'industrie pharmaceutique, aux assurances, aux hôpitaux, aux avantages acquis, excusez du peu.

Pourtant, le président américain a failli échouer : sans Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, le pari était perdu. C'est elle qui a su faire avaler aux représentants l'idée de voter le texte déjà adopté par le Sénat et non leur propre version, court-circuitant ainsi la minorité de blocage républicaine à la Chambre haute. Mission quasi impossible tant les élus démocrates étaient tétanisés par l'approche des élections de mi-mandat. Selon le New York Times, il restait la semaine dernière 68 députés à convaincre et quand Nancy Pelosi a reçu la liste, elle a dit : "je m'occupe des 68". Votée dimanche, la loi pourrait être promulguée dès ce mardi. Obama a sauvé sa présidence, il a désormais les mains libres.

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Commentaires 3
à écrit le 27/03/2010 à 11:46
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Je crois que vous allez un peu vite en besogne: La présidence d'Obama n'est pas sauvée. J'ai vécu pendant 21 ans en Amérique du Nord et je suis toujours bien informé. Le président américain comme le notre est un avocat d'affaires, donc un comédien m...

à écrit le 23/03/2010 à 18:41
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Quand on plombe son budget futur, on est encore moins libre, car on a plus les moyens d'aucune politique.

à écrit le 23/03/2010 à 18:37
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...Et trouées par dessus le marché, avec la certitude de perdre les élections de mi-mandat et être impuissant par la suite. Il est donc moins Alexandre que Pyrrhus. Le plus gros risque qu'il a pris est de casser le moteur américain, dur certes, avec ...

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