Huchon le Terrible et les banques

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Stupeur et tremblements. Parfois, les pouvoirs locaux prennent des décisions tout à fait dans leurs cordes mais horriblement embarrassantes pour les autorités nationales. Le conseil régional d'Ile-de-France a décidé d'exiger des banques avec lesquelles il travaille une parfaite transparence sur les mouvements de capitaux :  elles devront lui fournir tous les détails sur leur présence dans les paradis fiscaux, au sens large.

Vu la taille du client, difficile de refuser. Vu la publicité donnée à l'affaire, difficile de biaiser. Vu l'état de l'opinion publique après trois ans de crise financière, difficile d'espérer de la sympathie. Bref, Huchon le Terrible prend les banques au collet, même si certaines ont amorcé leur retrait des paradis fiscaux.

Mais l'affaire est humiliante pour le gouvernement. Les grands discours sur la réforme du capitalisme se sont perdus dans d'interminables négociations techniques à Bruxelles ou dans le G20 : les banquiers dormaient tranquilles, sachant leurs intérêts bien défendus. Et voilà qu'une instance récemment réélue, à la légitimité toute neuve, donc, arrive avec une exigence de type consumériste. La région Ile-de-France n'agit pas sur la législation bancaire, elle impose ses conditions de client. Il suffit qu'elle soit imitée par d'autres pour que le niveau de transparence requis des banques travaillant en France s'élève pour ainsi dire naturellement.

Cette action imaginée par Europe Ecologie rappelle un exemple américain. A l'été 2008, alors que le président George Bush refusait toujours de ratifier le protocole de Kyoto sur la lutte contre le réchauffement climatique, vingt-et-une grandes villes des Etats-Unis, dont New York, Denver et la Nouvelle-Orléans, annonçaient qu'elles mesureraient leurs émissions de CO2 pour commencer à les réduire. Rien ne le leur interdisait. Le locataire de la Maison-Blanche se retrouvait couvert de ridicule face aux lobbies dépités. Dans "pouvoirs locaux", il y a le mot "pouvoir". On s'en aperçoit dans de rares occasions.

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