Emirates, miracle ou mirage ?

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

C'est évidemment une excellente nouvelle pour Airbus. La commande mardi par Emirates, la compagnie aérienne de Dubai, de 32 exemplaires de l'A380, met fin à une année de traversée du désert pour le superjumbo européen. Par son montant (11,5 milliards de dollars au prix catalogue), elle est l'une des plus importantes de l'histoire de l'aviation civile. Mais c'est moins la réussite, probable désormais, du pari industriel de l'avionneur européen qui sidère, que la démesure d'Emirates.

La compagnie du Golfe détient 150 gros-porteurs. Elle en avait déjà autant en commande. Lancée en 1985, il y a vingt-cinq ans seulement, elle offre plus de sièges qu'Air France et British Airways réunies sur les liaisons intercontinentales. Elle concurrence Singapore Airlines et l'australienne Qantas pour le trafic passagers entre l'Europe et l'Asie du Sud-Est. Elle a fait de Dubai l'escale obligée des Asiatiques vers le continent noir.

Emirates a moins souffert que ses concurrentes de la crise financière et a traversé sans dommage l'effondrement de l'économie de Dubai, après l'éclatement de la bulle immobilière fin 2009. La compagnie émirienne gagne des parts de marché, avec 20% de passagers transportés en plus sur un an, et de l'argent, avec un bénéfice net multiplié par cinq. Elle a l'arrogance de ceux qui affichent un modèle gagnant. Des avions flambant neufs, économes en énergie, tissant un réseau mondial dont Dubai est la seule escale.

Mais, on le sait, pas plus que les arbres ne montent jusqu'au ciel, les avions ne vont sur la lune. Qu'une crise internationale enflamme le Golfe, qu'une nouvelle grippe aviaire terrorise les voyageurs, et Emirates redécouvrirait son minuscule marché intérieur et un royaume bâti sur un désert de sable...

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