Bravo ! Nicolas Sarkozy a réussi son coup. La réforme des retraites qu?il a fait présenter par son ministre du Travail, Eric Woerth, a provoqué hier une avalanche de réactions, négatives, d?une violence inouïe. "De la provoc" (CFDT), "brutale " (CGT), inquiétante pour " la compétitivité des entreprises " (Medef), "irresponsable " (Martine Aubry), " injuste, inefficace, mensongère " (Marine Le Pen), d?une "iniquité révoltante" (les Verts)...
N?en jetez plus. Ce rejet, quasi-unanime, n?a rien de surprenant. Face à un système de retraite en faillite, d?ores et déjà incapable d?assurer le financement d?une pension sur dix, face à une opinion inquiète, voire tétanisée, le président de la République a décidé de rattraper, sur cette question cruciale, le temps perdu. Il s?attaque, avec son projet, à tous les symboles forts de notre système - le couperet des "60 ans", l?âge de la retraite à taux plein, les privilèges des fonctionnaires, etc... Seul symbole laissé à l?écart : le recours à une dose de capitalisation. Il n?est pas évoqué. Il ne faut pas provoquer le diable plusieurs fois dans la même soirée !
La réforme n?épargne pourtant personne. Les plus défavorisés, ceux qui ont commencé à travailler jeunes et ceux que le travail a usés, y trouveront quelques avantages Le président a accepté de revenir, lui-même, sur certains de ses dogmes - en augmentant les impôts des plus riches par exemple. Tout cela n?est bien sûr pas populaire, ni dans son camp, ni chez ses opposants naturels. Mais c?est courageux. Et c?était nécessaire. Cela étant, le chef de l?Etat a pris un double risque. Un: en frappant fort et tous azimuts, il pourrait provoquer une coalition des mécontents sur ce dossier qu?il sait, politiquement, explosif. Deux: celui de ne pas convaincre, malgré tout, que la réforme qu?il propose permettra d?assurer la pérennité du système. L?équilibre financier est promis pour 2018, sans accroissement de la dette, une promesse qui s?appuie sur des hypothèses bien optimistes. Pour que la bombe n?explose pas, il va lui falloir faire maintenant, en direct, la pédagogie de sa réforme.
« Quand nous mettrons le pied sur l'accélérateur, nous serons difficiles à égaler » (Joelle Pineau, directrice de la recherche en IA chez Meta)
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