La leçon de Berlin...

Par Eric Chol, rédacteur en chef à La Tribune.
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On disait l'Allemagne obsédée par ses excédents commerciaux, incapable de ranimer sa demande intérieure. On lui en faisait grief. On la taxait d'égoïste. On l'accusait d'exporter ses machines-outils et ses automobiles sur le dos de ses partenaires européens. Un ministre français - c'était Christine Lagarde - a même osé, en mars dernier, exprimer publiquement sa désapprobation à l'égard du modèle allemand jugé non viable à long terme. Berlin à l'époque s'était un peu ému de cette outrecuidance. Quelques accolades entre le président et la chancelière ont permis de laver l'affront. Mieux, au moment où la zone euro rentre une nouvelle fois dans le triangle des Bermudes, secouée par les déflagrations de la Grèce et de l'Irlande et le tic-tac mortel des taux d'intérêt, l'Allemagne s'est racheté une conduite, et peut, à juste titre, administrer une leçon d'économie à ses voisins. Car son taux de chômage est au plus bas depuis 1992, sa croissance donne des frissons à son voisin français et, cerise sur le gâteau, ses consommateurs, qui ont retrouvé le moral, dépensent d'autant plus que les entreprises témoignent d'une générosité salariale historique. En un mot, vingt ans après la réunification, le miracle allemand est de retour. « Après un grand été, un automne en or », rêve tout haut Rainer Brüderle, le ministre de l'Économie. À croire que les responsables allemands n'ont pas encore compris qu'ils n'étaient pas de simples spectateurs dans le péplum irlando-grec « l'Euro brûle-t-il ? » qui se joue à leurs portes. Forte de sa toute puissance économique retrouvée, l'Allemagne dispose de la pharmacie suffisante pour sauver la zone euro. Pourvu qu'elle en retrouve l'envie. Pourvu aussi qu'elle cesse de considérer ses partenaires européens comme des cancres. Pourvu enfin qu'elle se sente concernée. Mardi, Angela Merkel a qualifié la situation de la zone euro « d'extrêmement sérieuse ». Mais la chancelière allemande pose ses conditions avant de descendre dans la salle d'urgence. Au risque d'aggraver la santé du malade.

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