Père Trichet, quand tu descendras du ciel

Par François Lenglet, directeur des rédactions de La Tribune.
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Au mois de décembre, alors que les cimes des sapins ploient sous la neige, les enfants disposent leurs chaussons près de la cheminée, le coeur battant d'impatience heureuse : ils attendent le Père Noël. Cette année, les traders et autres gnomes de Zurich vont faire pareil. Eux aussi ont mis leurs escarpins Gucci au pied de l'immeuble de la Banque centrale européenne. Ils attendent le Père Trichet. Avec sa hotte chargée de paquets. Et contrairement à une tradition bien établie, le Noël des marchés financiers pourrait avoir lieu non pas le 25 décembre, mais le jeudi 2, date de la réunion du comité de politique monétaire.

Ont-ils été sages pendant l'année ? Ont-ils bien fait leurs devoirs ? Honnêtement, ça se discute. Seul le Père Trichet appréciera, en sa grande sagesse. Les investisseurs sont d'autant plus impatients de le voir débouler de la cheminée qu'ils ont été quelque peu malmenés par la Mère Fouettard - la chancelière allemande a imposé un plan qui les ferait payer en cas de faillite d'un Etat. Etrange inversion des rôles de la zone euro, où c'est la mère qui punit et le père qui console.

Après la semaine d'hystérie qu'ont connue les marchés financiers, après la pénible élaboration d'un plan de sauvetage alambiqué, après une accumulation de dettes publiques sans précédent en temps de paix, il n'y a plus guère que la BCE pour préserver, tant bien que mal, la stabilité du système financier européen, en rachetant les obligations dont les investisseurs se défient par crainte du défaut de paiement. La BCE est désormais le dernier rempart avant l'inconnu. Fort heureusement, Trichet possède à la fois la crédibilité et le pragmatisme pour jouer ce rôle. Si même il y parvient, restera une question qui va dominer l'Europe plusieurs années : qui paiera ces dettes énormes ? Aujourd'hui, la mode est à la rigueur, c'est-à-dire à charger le contribuable. Mais il y a fort à parier qu'un jour on rattrapera l'investisseur par les bretelles, en lui demandant son écot. Cela ne sera pas Noël tous les jours.

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