L'Inde : nouvel eldorado pour les entreprises françaises ?

Le voyage de Nicolas Sarkozy en Inde pose la question de la présence des entreprises françaises dans le futur pays le plus peuplé au monde et où les embûches sont différentes, mais aussi réelles, qu'en Chine.
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Où en sont les entreprises françaises en Inde ? Le marché indien fait-il partie de leurs priorités ? L'enjeu est clairement énoncé : l'Inde deviendra pendant la décennie 2040-2050 le pays le plus peuplé au monde et la troisième puissance économique mondiale (derrière la Chine et les États-Unis). La croissance indienne s'affiche depuis 2005 comme l'une des plus fortes au monde avec des taux annuels oscillant entre 7 % et 9 % et ce, en dépit de la crise financière. Avec l'une des populations les plus jeunes au monde et un pouvoir d'achat croissant, le marché indien devient incontournable. La présence des plus grands groupes internationaux est révélatrice à cet égard. De même que les chiffres de l'investissement direct étranger (autour de 30 milliards de dollars annuels depuis trois ans) : l'Inde s'impose comme une destination favorite des IDE. Aussi, les entreprises françaises se retrouvent confrontées au même pari qu'avec la Chine il y a dix-quinze ans : s'implanter aujourd'hui pour exister demain dans un marché qui, dans un certain nombre de secteurs, représente encore plus un potentiel qu'une réalité.

Comme en Chine, les difficultés sont importantes et les risques réels, bien que de nature différente. Le pays est immense et multiforme : il s'agit d'un véritable continent où coexistent des États (l'Inde est une fédération), des ethnies, des langues et des religions différentes. À cette diversité s'ajoute la persistance des castes qui compliquent un peu plus encore la compréhension de la société indienne. Sans oublier les très fortes disparités sociales. Cette complexité ne permet pas d'appréhender facilement le marché indien. Par ailleurs, tout projet d'implantation se heurte aux insuffisances des infrastructures indiennes : les coupures d'électricité sont quotidiennes, la logistique s'avère un véritable casse-tête. L'entrepreneur étranger doit aussi affronter au quotidien la pesanteur de l'administration indienne et de sa bureaucratie. Dans son rapport annuel « Ease of doing business », la Banque mondiale classe l'Inde au 165e rang (sur 183 pays) pour ce qui est de la facilité à créer une entreprise. Enfin, si le pays est marqué par une forte tradition juridique, cela ne joue pas toujours en faveur de l'investisseur étranger, notamment français, qui se trouve plongé dans un mélange de « common law » et de subtilité réglementaire. La complexité du système judiciaire et son engorgement n'encouragent pas le recours aux tribunaux pour faire exécuter les contrats : le rapport précité de la Banque mondiale classe cette fois l'Inde avant-dernière sur le sujet de l'exécution des contrats...

S'implanter en Inde constitue par conséquent un véritable challenge où il est facile d'échouer. Certaines sociétés françaises ont connu des revers retentissants. Ceux-ci peuvent s'expliquer par la méconnaissance du marché et de l'environnement, un mauvais choix de partenaire ou, tout simplement, l'insuffisance de moyens, notamment humains, consacrés au projet. Il est parfaitement illusoire de penser qu'il suffit de se doter d'un partenaire pour réussir sur le marché indien : ceux qui se sont contentés de remettre toutes les clés à leur partenaire en attendant que celui-ci leur apporte le succès ont, au mieux, fait du surplace, au pire, perdu leur mise et créé un concurrent local.

Pourtant, le positionnement des entreprises françaises s'avère idéal par rapport aux besoins du marché indien. On songe bien entendu d'abord au secteur de l'aéronautique et de la défense où nos entreprises sont déjà très présentes, mais aussi à celui des infrastructures où les besoins affichés sont immenses (environ 100 milliards de dollars annuels sur la période 2012-2017), à l'automobile (l'Inde doit devenir le troisième marché automobile mondial en 2030), aux produits de consommation, à l'agroalimentaire, aux technologies de l'information et aux télécommunications... Si la France ne figure encore qu'au quatrième rang des partenaires commerciaux de l'Inde au sein de l'Union européenne, derrière le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie, elle est heureusement devenue le dixième investisseur étranger en Inde. Signe d'une prise de conscience de l'enjeu ?

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