Le ciel de demain se prépare aujourd'hui

Les nouveaux concepts d'avions ("aile volante", mode de propulsion) et l'automatisation du contrôle aérien sont deux axes de recherches prioritaires à l'horizon 2050.
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Si, aujourd'hui, personne ne peut répondre avec certitude à cette question, l'Onera, le centre français de recherche aéronautique et spatiale, étudie les différentes évolutions possibles du transport aérien d'ici à 2050. Car, en aéronautique, 2050, c'est déjà demain. Ainsi, l'Onera envisage différents scenarii : l'espace aérien sera-t-il sursollicité, avec des modèles d'aéronefs différents pour chaque utilisation (transport commercial, surveillance, loisirs) ? Ou bien sera-t-il quasiment déserté, et uniquement réservé aux missions de sûreté et de surveillance ? Est-ce que seuls seront autorisés à voler les appareils utilisant des biocarburants et autres énergies renouvelables, comme le motoplaneur Solar Impulse que commence à tester Bertrand Piccard ? Dans tous les cas, il est indispensable de prendre en considération l'exigence grandissante de sécurité, la raréfaction des énergies fossiles et le besoin de diminuer l'impact environnemental des aéronefs (bruit, émissions de CO2 et autres NOx).

Prenant en compte l'ensemble de ces questions, et nous basant sur plus de soixante années de recherche scientifique, nous avons dégagé deux axes de recherches prioritaires, les nouveaux concepts d'avions et l'automatisation du transport aérien. Les concepts étudiés permettent avant tout d'identifier les verrous technologiques et de proposer des avancées qui participeront à leur tour à l'amélioration du système de transport aérien dans son ensemble.

Premier axe : les nouveaux concepts d'aéronefs. Les chercheurs étudient notamment de nouvelles formes d'avions, et de nouveaux modes de propulsion. Par exemple, nous travaillons depuis plus de dix ans sur le concept d' "aile volante", des avions en forme de triangle vu de dessus et où les moteurs sont répartis et intégrés dans l'ensemble de l'avion, de façon à réduire la traînée. La nature même de la propulsion des avions peut être revisitée : au-delà de l'amélioration de la propulsion thermique actuelle, les chercheurs se penchent sur les opportunités d'une propulsion reposant sur l'énergie électrique, voire même nucléaire... Le décollage sur une très courte distance est aussi envisagé, et serait rendu possible, notamment grâce à un ensemble de petits moteurs répartis sur l'envergure des ailes de l'avion.

Deuxième axe : l'automatisation du transport aérien. En effet, rendre plus automatique le contrôle aérien et les aéronefs permet non seulement de fluidifier le trafic aérien en évitant les embouteillages autour des aéroports, mais aussi d'économiser les énergies en adoptant des trajectoires plus directes. L'automatisation participe à la limitation des nuisances sonores en évitant le survol des zones habitées, et augmente la sécurité grâce par exemple à l'anticipation des phénomènes météorologiques comme le givre. Bien évidemment, des efforts de recherche conséquents seront essentiels avant d'envisager un système à la fiabilité totalement démontrée.

Cette automatisation pourrait conduire à terme à des avions ne disposant plus de pilote, au sens actuel du terme, mais d'un « superviseur » garant de leur bon fonctionnement. L'automatisation et les nouveaux modes de propulsion conduisent aussi à envisager des avions personnels. C'est d'ailleurs une piste sérieusement étudiée par les acteurs de la recherche aéronautique au niveau international, puisque l'Onera pilote une étude européenne qui s'attache à concevoir un « avion personnel », un véhicule volant complètement automatisé de quatre à huit places, dans lequel chacun, sans être pilote, pourra ordonner sa destination.

Impossible de savoir si les avions de 2050 ressembleront effectivement aux concepts imaginés ici. Les défis scientifiques et technologiques à relever sont immenses. Une chose est sûre cependant, se projeter à cet horizon lointain est indispensable pour orienter les recherches amont qui permettront à terme ces avancées.

Surtout, les choix concernant ces axes de recherche doivent être faits dès maintenant, pour que les résultats puissent voir le jour en 2050. Une responsabilité qui incombe aujourd'hui aux décideurs politiques européens.

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